Il y a la beauté et la force de la jeunesse dans ce petit film, non seulement à l'image mais aussi à la réalisation, toute son insolence. Une insolence avec la forme qui n'a pas trop plus à ses commanditaires, les messieurs de la télévision qui pour s'en venger ont laissé le film dans un frigo pendant 40 ans...
Il y est question pour une jeune fille de sortir de chez son père, de se perdre à l'extérieur et de perdre sa virginité aussi.
La première partie du film ressemblerait presque à un document sur Anémone, seule dans sa chambre à jouer du piano, téléphoner à ses amies, aller au café et sortir du lycée avec Emploi du Temps en exergue mais la discussion avec le père, le propre père de Garrel, aussi savoureuse que le pot de miel qu'ils s'offrent et se disputent pour repas a déjà commencé à dévier le film vers une sorte de conte se battant à la petite cuiller entre la dialectique magique du Petit Poucet Perdu et la poésie ogresque du Roi Incestueux. Nul étonnement alors à revoir le Père à la conclusion transformé par les bonnes fées du cinéma qui se sont d'ailleurs penchées sur le berceau de Garrel en lui inculquant l'art de la relation avec le spectateur, l'humour léger, presque imperceptible comme un ange qui passe sans avoir encore le silence d'"Elle a passé" pour se signaler et surtout qui lui ont surtout légué l'art de l'effacement des lourdeurs narratives et didactiques que d'autres se font un devoir d'observer, l'art de la condensation de l'air par le sentiment et cet air apparaît souvent amoureux.