La première vision de ce film en VHS en 1987 m'avait déjà bien secoué les tripes, je l'ai revu plus tard, puis plus récemment sur le câble, et c'est toujours aussi vertigineux. Alan Parker utilise le genre du film noir pour le faire basculer dans le fantastique total. Ce polar à l'ambiance lourde qui décline le thème de Faust aurait pu sombrer dans le grotesque en opposant un privé sur le retour aux rites vaudou, à l'occultisme et au diable. Mais il évite cet écueil et constitue un choc avec son atmosphère glauque, mystérieuse, envoûtante, poisseuse et diabolique, par son côté violent et dérangeant, son aspect visuel torturé et constellé de symboles à décrypter (les grilles et barreaux), et aussi la caméra de Parker qui offre des plans crades et des images quasi expressionnistes avec une lumière diffuse. Mickey Rourke alors à son apogée, y est sensationnel, et ses scènes face à un De Niro barbu et aux doigts crochus, mémorable en Louis Cyphre, sont fascinantes même si elles sont courtes. Tout le film est un périple initiatique, un cauchemar sophistiqué, bref un polar fantastique absolument renversant !