Film néo-noir du cinéaste Alan Parker (Pink Floyd’s The Wall, Midnight Express, Mississippi Burning), Angel Heart prend ses racines dans les films et la littérature noire, en particulier chez Welles (les ressemblances avec Dossier Secret (1955) se font nombreuses) à partir desquelles Parker construit sa narration entrainante, enquête sur un disparu ponctuée par la mort des témoins interrogés par le narrateur, détective privé campé par Mickey Rourke dans le premier âge d’or de sa carrière, qui sort tout droit de L’Année du Dragon (1985) de Cimino.
L’esthétique très années 80 du film qui a généralement tendance à me saouler passe ici très bien, le style sale, brutal, froid qui faisait déjà la puissance de Midnight Express marque l’ambiance suintante du long métrage. Cette esthétique très ancrée polars des années 80 trompe le spectateur sur le cadre temporel du récit, qui on l’apprend assez tard dans le film, se déroule dans les années 50. On retrouve la plupart des codes du film noir des années 40-50 mais l’esthétique nous ramène à chaque plan aux années 80 ce qui crée une déconnexion étrange entre l’histoire et l’atmosphère qu’on retrouvera en quelque sorte chez Fincher dans Seven (1995).
Parker s’approprie évidemment le genre en y ajoutant des surprises bien senties, en particulier le dénouement qui est mis en place dès les premiers instants du métrage.
Véritable puzzle qui frappe par son intelligence une fois complété, le film m’a totalement eu par le décalque que fait Parker du déroulement de Dossier Secret pour au final amener le film tout à fait ailleurs avec un De Niro mystique, inoubliable, qui a pour l’occasion sorti sa plus belle barbe.