Pour son premier long-métrage derrière la caméra, l'acteur atypique Steve Buscemi choisit d'adapter un roman d'Edward Bunker intitulé "La Bête contre les murs". Cet ancien prisonnier devenu aujourd'hui romancier, producteur et acteur scénarise son propre livre semi-autobiographique et nous plonge dans l'univers carcéral, univers que Buscemi avait déjà touché après avoir déjà mis en scène quelques épisodes de la série "Oz". Il dirige donc Edward Furlong et Willem Defoe dans un drame poignant, violent et réaliste.
Ceci dit, malgré la dureté du sujet et la violence de certaines scènes, on dirait que l'acteur/réalisateur souhaite ne pas trop en montrer, lorgnant entre le quotidien des prisonniers de San Quentin (la prison la plus dangereuse des États-Unis), l'intégration du jeune héros principal dans ce nouveau monde et le film d'évasion. On ne sait donc pas trop où donner de la tête, le film jonglant entre plusieurs intrigues collées les unes aux autres, mettant en scène beaucoup de personnages sous-exploités pour se concentrer sur la relation mentor-élève entre Dafoe et Furlong et leur plan d'évasion.
Pour renforcer ce côté inégal, on constate également un souci de réalisme prenant contrebalancé par une interprétation grotesque (Tom Arnold en violeur décérébré, Mickey Rourke faisant de la figuration en taulard travesti) et quelques scènes inutiles... Bref, sans égaler les films du genre, Animal Factory s'avère incomplet, inégal, sans être toutefois raté. Ne manquait en fait au film qu'un renforcement dramatique et une trame moins désordonnée pour en faire une ponte du genre, une sorte de Luke la Main Froide des temps modernes...