Au delà des murs et des barbelés
Énième film sur le milieu carcéral, Animal Factory fait figure d'illustration de cet environnement parfois retranscrit de façon exagérée et pleine de clichés. En effet, Animal Factory ne fait pas parti de ces films où l'ont exacerbe violemment les idées reçues sur la prison. De premier abord, le film peut paraître incroyablement creux, et pour cause, il semble n'être qu'un film sur le quotidien de la prison.
Le scénario, bien que classique, n'en est pas complètement vide. Ron Decker, jeune issu d'une famille relativement aisée arrive en prison pour des affaires de vente de drogue. Après un jugement sévère faisant office d'exemple, le jeune homme fait vite la rencontre de ses codétenus dont certains ayant un passif lourd. Il cherche à survivre dans cet environnement hostile auquel il ne semble pas appartenir. Il cherche protection auprès du plus fort. De là, on assiste au quotidien d'un détenu en prison.
Un des thèmes les plus évidents est évidemment celui de la protection recherchée en prison qui est un milieu hostile où paradoxalement, la loi ne règne plus. Chercher à se faire protéger et servir au sein de la prison implique donc un certain type de relation avec les autres détenus. On est partagé ici entre fraternité et paternité. Se faire des amis pour se protéger de ses ennemis. Les relations prennent donc une forme familiale, humanisant les détenus et donnant une vision plus réaliste du milieu carcéral américain. Evidemment, la sexualité est évoquée avec les rapports que l'on connaît et que l'on retrouve exacerbés dans les autres films traitant des prisons.
On y voit aussi la solitude ressentie en prison, l'ennui, et le besoin de l'autre, redonnant un côté humain aux prisonniers et encore une fois, donnant une dimension réaliste au film. Les prisons sont vus comme des mouroirs sombres où plus rien ne compte mais où parfois l'humanité peut surgir.
Mais le plus intéressant du film et pourtant le moins évident reste la réalisation à mon avis. Steve Buscemi nous offre là un film à la réalisation extrêmement neutre. Les plans sont propres, et le film se regarde tout seul. La caméra se veut seulement observatrice du milieu et donne une dimension démonstrative au film. On ne remarque rien de particulier, pas d'effets visuels inutiles, pas d'expérimentation, un travail simple mais propre qui fait de la caméra un outil permettant de voir au delà des murs et des barbelés sans clichés, sans fioritures et laissant place à la présence de sens critique ou non du spectateur qui ne voit que les faits. De plus les acteurs sont excellents et criant de vérité.
Animal Factory est donc selon moi un bon film, sympathique mais pas folichon de par son histoire. Cependant, il offre une belle représentation du monde carcéral par sa dimension réaliste. On aurait cependant espéré justement un peu plus de présence critique sans non plus tomber dans la caricature.