Plus les années passent, plus je me montre sensible aux premières minutes d'un film. Quand ça part mal, ça ne se rattrape presque jamais. Quand ça part bien, restent deux solutions: soit pointe la grosse déception, soit on tient le petit bijou.
Nous sommes là dans cette dernière catégorie.
Ce "royaume des animaux" est un polar on ne peut plus réussi, totalement passionnant et noir comme l'âme du diable. Très loin de ce que la jaquette du DVD peut inspirer (ne serait-ce qu'à travers son résumé), il ne s'agit ni d'une comédie loufoque, ni d'un truc déjanté un peu trash.
Une des brillantes idées du film est de nous faire découvrir l'intimité de cette famille délinquante à travers les yeux d'un post ado qui traverse, jusque là, la vie comme un zombie, incapable de décoller les yeux d'un écran même quand sa mère passe de vie à trépas à côté de lui, n'étant capable que d'exprimer une indifférence proche de la stupeur apathique.
Le quotidien ce ces australiens rebelles sans causes (autre que celle de l'argent) est terrifiant, cette absence de glorification étant une des autres très bonne idée du scénario.
Les acteurs sont tous impeccables, une mention spéciale pouvant être décernée à Jacki Weaver, mère de famille à la fois terrifiante et parfaitement humaine.
David Michôd, qui ne laisse pas mi-froid (pouf pouf), est donc désormais un réalisateur à suivre, d'autant que c'est également lui qui à écrit le scénario implacable de polar quasi parfait.
Car si ma note n'est pas plus haute (malgré une longue hésitation), c'est à cause de la répétition un poil trop systématique, à mon goût, de ces ralentis qui marquent les évolutions de l'histoire où les moments forts. Même quand ils ne servent pas une scène d'action (ce qui est le cas), ce genre de scène n'est acceptable que si exceptionnel. C'est pas le cas.
Et puis bon, y a Guy Pearce, que j'aime un peu plus à chaque film. C'est quand même un des seuls mecs au monde à rester classe même quand il arbore une terrible moustache.