Tout droit venu du pays des kangourous, Animal Kingdom marque soigneusement son apparition dans les salles françaises. Le premier long-métrage de David Michôd a su se faufiler discrètement dans notre programme sans trop nous ébranler par son synopsis. Qualifié de polar criminel de prime abord, on ne s'attend guère à la claque visuelle et morale que le film réussit à nous asséner. Et pour ce qui est d'attendre, le spectateur est servi.
D'abord contemplatif et calme, Animal Kingdom nous pose à la hauteur de Josh, grand dadais de 17 ans qui contemple sa vie plus qu'il ne s'implique dedans. Son détachement et son attitude pleine de morgue par rapport aux événements nous rapprochent étrangement de lui. Et pour cause, nous sommes tout aussi spectateur que lui de tout ce qui se trame.

« Ces choses là ne me détectent pas, je suis invisible » avoue 'J-ay-'.
Lui-même se veut détaché, ne cherchant pas à s'attirer d'histoire. C'est le paradoxe de ce jeune garçon, effacé par son comportement, mais si présent à l'écran par son mètre quatre-vingt et sa carrure de frigo américain.
Et c'est bien malgré lui que Joshua se trouvera jeté dans cette jungle où la question de la survie du plus fort est sans cesse mise en cause.
On aura à l'esprit la fameuse gravure qui ouvre le film, celle d'un lion triomphant sur fond de brousse, garant de la tranquillité de sa famille et protecteur contre les menaces extérieures. Cette belle illustration d'un règne animal où le plus fort règne et protège les faibles ne pouvait être plus représentative de la famille que l'on découvre.
Les rôles sont distribués d'emblée. On reconnaitra Joel Edgerton dans son rôle de bon roi lion et ''pater familias'', lui qui illumine le quotidien sombre de la famille Cody et offre un faible rai d'espoir dans leur univers criminel.
Mais BAM! On ne voit pas le coup venir, on est surpris, ébahis, ébranlés. Le lion est mort ce soir, et il laisse la place à un nouveau protecteur: un lion déchu, charognard et paranoïaque.
Le roi est mort, vive le roi!.. ou pas.
Écrasés entre peur, tension et paranoïa, Josh -et le spectateur- sont très vite impliqués dans un thriller familial froid et pragmatique. La révélation tardive dans le récit de Jacki Weaver dans son rôle de maman lionne sur-protectrice est d'autant plus forte et cruelle quand on la découvre.
Et ainsi, la longue descente aux enfers commence.

Tortueux, chaotique et pourtant très logique dans sa réflexion, Animal Kingdom est monté de façon perspicace, nous servant un univers qui ne se veut volontairement pas tout lisse. Loin de nous brosser un tableau manichéen entre forces de police et gangsters, David Michôd nous présente chaque parti avec ses vices, son impulsivité et sa barbarie froide et percutante.
Bien qu'indécis sur ce qu'il vient de voir, le spectateur n'en ressort pas indifférent, encore submergé par la brutalité physique et psychologique qu'il aura partagé avec Josh, au sein d'un casting d'une crédibilité étrange mais incroyable.
LoïcTonyBarnet
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le 27 août 2012

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