Petit film australien passé relativement inaperçu, Animal Kingdom reste l'une des tueries (au vu du nombre de morts, le terme n'est pas exagéré) de l'année 2011. L'histoire de la famille Cody, qui ne respecte aucune loi et en paye le prix, rappelle les films de Scorsese. On retrouve dans ses Affranchis du pauvre, les personnages de Casino ou de Mean Streets avec une même absence de jugement de la part des réalisateurs. Les oncles de Joshua ne connaissent que ce monde de violence et l'acceptent. Ce ne sont pas des monstres mais justes des êtres humains qui n'ont pas beaucoup d'autres possibilités (Pope le dit lui-même, il ne sait rien faire d'autre) mais qui savent se remettre en cause (Baz tente sortir de ce milieu). L'arrivée de Joshua dans la famille rajoute de la tension à une situation déjà difficile. S'il est plutôt bien accepté par son oncle Darren, qui n'a que 2 ans de plus que lui, Pope (qui se cache de la police) le voit comme une menace. On sait que ces deux personnages, qui se ressemblent énormément, sont condamnés à s'affronter, un peu comme dans un western.
Cette ambiance est renforcée par la réalisation de David Michôd qui filme la violence le plus simplement possible : un coup de feu, parfois du sang mais jamais plus. Le meurtre, qu'il soit perpétré par la famille Cody ou la police, semble tout a fait normal. Le film est toujours calme, presque froid. La violence explose d'un coup et retombe dans la foulée comme si rien ne s'était passé.
Devant la caméra, les acteurs sont excellents. James Frecheville d'abord, avec un jeu tout en retenu, fait de Joshua un personnage lunaire qui cache bien son jeu. Face à lui, les quatre acteurs interprétant ses oncles sont tout aussi bons en particulier Ben Mendelssohn qui arrive à faire passer à la fois la cruauté et la détresse de Pope ainsi que Sullivan Stappleton (Craig) parfait en drogué parano. Du côté de la police, Guy Pearce (Felicia dans Priscilla, folle du désert ou Edward VII dans Le discours d'un roi) en flic compréhensif incarne parfaitement son personnage. Mais la plus impressionnant reste Jacky Weaver, terrifiante dans le rôle de Smurf, cette matriarche limite incestueuse qui embrasse ses enfants sur la bouche et contrôle toute la famille. Elle mérite totalement l'Oscar du meilleure second rôle féminin, obtenue l'année dernière.
Animal Kingdom est donc à découvrir pour les fans des films de mafia. Le spectateur qui s'arrête chez les Cody est plongé dans un univers sale et violent qui prouve que le cinéma australien n'a rien à envier aux meilleurs films américains.