« There are things happening that can't explain. » MIA FORM

En 2013, les amateurs de frissons faisaient la connaissance de la poupée Annabelle que ses propriétaires, deux femmes et un hommes, jeunes et très affolés, croyaient possédée par le fantôme d'une fillette. Un cas très étrange que les démonologues Ed Warren et Lorraine Warren avaient réglé d'un simple coup de fil à un exorciste au début du The Conjuring de James Wan.

L’heure de gloire de la poupée n'avait alors duré que le temps d'une introduction. Une année plus tard, en 2014, la poupée revient dans son propre film qui porte son propre nom. James Wan, qui officie cette fois comme producteur, a confié la réalisation de ce prequel à John R. Leonetti, son directeur de la photographie sur Dead Silence, Death Sentence et The Conjuring.

Cependant Annabelle n'est que son troisième long-métrage en tant que réalisateur, les deux précédents étant les infâmes Mortal Kombat : Annihilation et The Butterfly Effect 2.

Le scénario de Gary Dauberman, qui n’a eu que très peu de temps pour l’écriture, s’appuie sur des « faits réels » avec de gros guillemets. La poupée Annabelle n'est pas fictive, elle est bien réelle. D’après les époux Warren, la poupée fut offerte à une petite fille par sa mère dans les années 1970. Faite de chiffon et non de porcelaine comme dans les films, elle ne cessait de se déplacer et lancer d’étranges messages. Un jour, elle tenta même d'étrangler quelqu'un. Pour élucider le mystère qui entoure la poupée, les époux Warren ont été dépêchés chez les propriétaires, et ces derniers n’ont pas hésité à s’en débarrasser. Le couple d'exorcistes conçut donc une boîte spéciale et l'y enferma.

Le film débute un an avant l'intervention des époux Warren, au moment où un certain John Form offre la douteuse poupée à Mia, sa femme, à l'occasion de la naissance imminente de leur fille. C'est donc sans se soucier une seule seconde des traumatismes qu'elle peut causer chez son rejeton que Mia installe Annabelle à une place de choix dans la chambre de l'enfant à naître. Bien que tous deux relativement inconnus Annabelle Wallis et Ward Horton, qui interprètent le couple Mia et John, fonctionne pas du tout, on ne croit pas à leur relation. Idem concernant les costumes et les décors. Ils ne font pas le job de nous transporter à l'époque de l'affaire tirée.

L'ouverture du film est violente, originale. Un barbu satanique accompagné d'une jeune fille au moeurs tout aussi particulières ouvrent le bal : scènes d'égorgements, rituels démoniaques et autres joyeusetés plantent le décor. Annabelle est enfin une poupée maudite.

Si pour le couple Mia et John, le véritable cauchemar commence ici, c'est plutôt l'ennui qui guète à présent le spectateur. A l'introduction surprenante succède une heure beaucoup trop calme. La poupée devient le seul vecteur de terreur, une tâche qui se révèle un peu trop lourde à assumer pour ce personnage totalement inanimé. La poupée Annabelle reste désespérément muette et immobile. Il y a une explication logique à cela que Lorraine Warren expliquait au début de The Conjuring : la poupée n'est pas réellement possédée par un fantôme, elle est manipulée par un démon. Comprenez par là qu'elle ne bouge pas d'elle-même, c'est une entité démoniaque qui la déplace dès qu'on a le dos tourné.

Hormquelques scènes capables de faire monter la pression grâce à un montage ingénieux (l'une d'elle impliquant une machine à coudre), la mise en scène ne compte que sur des jumpscares assez ordinaires pour nous faire agripper les accoudoirs. On en vient à se dire que les satanistes de l’introduction étaient vraiment plus fun.

Le compositeur Joseph Bishara signe la bande-son, lui qui a l’habitude de travailler avec James Wan : Insidious, The Conjuring et Insidious : Chapter 2, c’est lui. Ici, il ne va pas briller et livrer une composition très timide.

Annabelle fut déprogrammé dans certains cinémas français. Les exploitants ont préféré se passer des recettes confortables que génère la poupée maléfique plutôt que d’abriter dans leurs murs les bagarres et les déprédations que génère sa vision. Durant sa diffusion, dans plusieurs cinéma, des jeunes devenaient hystériques et ingérables ; ils s’interpellaient dans la salle, bousculaient les autres spectateurs et se battaient dehors. Une mauvaise publicité pour le film qui, de toute façon, ne méritait pas autant de promotion (bien qu’elle soit néfaste).

Au bout du compte, Annabelle passe certainement à côté de son potentiel. La mise en scène de John R. Leonetti, si elle n'est pas particulièrement inspirée, n'affiche pas non plus de grosses lacunes comme dans ses films précédents. Mais au-delà de l'introduction prometteuse, seules une poignée de scènes parvient à faire mouche et comble de l'ironie, aucune d'elles ne contient la poupée éponyme. Un film à réserver, donc, aux grands consommateurs du genre.

StevenBen
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le 11 sept. 2023

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Steven Benard

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