Vraiment, être pris pour des cons à ce point, fallait oser. Il est incroyable de voir un tel plagiat de nos jours, balancé comme une œuvre originale, et qui connaît un succès aussi illégitime. Une véritable saloperie dans les règles de l’art, qui chie sur le cinéphile pour taper dans l’adolescent. Annabelle, c’est Rosemary’s baby. Tout le temps. A chaque minute. Sans la moindre ambiance. Dans l’original, certes, ça pouvait parfois prêter à la somnolence, mais le malaise finissait par devenir authentique, diffus, impalpable (c’était aussi l’absence de menace évidente qui finissait par nous faire tout suspecter). Ici, croyez bien qu’on vous avertira bien quand il faut crier par une bande son tonitruante, un jump scare attendu ou un effet horrifique bien défini (l’inutile bond en arrière devant la cuisinière en feu, visible dans la bande annonce, qui ne fera peur à personne, exploité depuis des années par Paranormal activity). Aucune ambiance, rien de rien (la caméra filme la chambre d’enfant avec un carillon en espérant créer un malaise, alors que rien ne s’installe, parce qu’il n’y a rien à voir. Là où ça devient grave, c’est que le film s’inspire aussi de la vie de Roman Polanski (ou plutôt de Sharon Tate) en faisant intervenir une secte à la Charles Manson, qui va se charger de posséder la poupée d’une façon bien nanarde (Chucky n’était pas loin). Les meurtres, ça pouvait aller, mais le rituel lourdement mis en scène… A partir de là, on se tape des cris de femme enceinte, les plaintes d’un mari qui n’est jamais là quand il faut, mais qui repart toujours au boulot le lendemain, les encouragements de la noire de service qui s’y connaît en occulte, mais non, elle est gentille et se suicide pour sauver les blancs à la fin (bon sang de boire, on est en 2014 et on nous ressert un truc pareil ?)… Bon, ne soyons pas trop vache, il doit y avoir une ou deux séquences dans le lot (soit environ 4 minutes) qui valent le coup. Un plan en contrejour de poupée avec un visage démoniaque, le jump scare de la gamine remplacée par la furie (spoilée en bande annonce, donc inefficace), un landeau pompé sur l’affiche de Rosemary’s baby…), mais sinon, tout le reste est mauvais. Quand un film vous fout une scène avec des gamins qui font un dessin gore prémonitoire avec un camion, c’est déjà nul, quand ces mêmes enfants disparaissent par la suite du récit, c’est pathétique, et quand la scène en question se révèle être un gros fail, c’est du foutage de gueule authentique. Une heure trente de rien, de promesses non tenues, d’idées foutues à la poubelle, de non prise de risque… Un constat déplorable pour ce qui sera l’un des plus mauvais films d’horreur de l’année. Seul petit épisode comique, le prêtre qui veut faire une photo de Mia avec son bébé posé sur ses genoux avec un grand sourire, on flaire un pédophile latent.