Quand le premier opus est nanardesque, on ne peut s'attendre qu'à une suite qui l'est tout autant. Mais ! Point de préjugés pour moi, j'essaie donc de mettre de côté mes aprioris et de découvrir Annabelle 2 : La Création du mal, qui fait partie de l'univers de Conjuring, les Dossiers Warren.
Sauf que voilà, Conjuring est efficace et crédible là où Annabelle ne l'est pas.
L'histoire du film tient en un paragraphe court : des orphelines et une bonne soeur trouvent refuge dans la demeure familiale des Mullins, les parents de la petite Annabelle d'origine, tragiquement disparue. D'ailleurs, le père fabriquait des poupées pas très jolies, dont la fameuse ANNABELLE (ouais). Les évènements sordides se manifestent alors : une gamine atteinte de polio en paye les frais plus que les autres dans un torrent de portes qui claquent, de trucs qui font du bruit aigu, des violons qui partent en couilles et toute la tambouille habituelle des films d'horreur qui manquent de fond.
Alors, qu'est-ce qui va, et qu'est-ce qui va pas?
Annabelle 2 est un huis-clos, recette efficace et quasiment culte de l'épouvante.
Le côté vieillot fonctionne aussi : on est dans un bon trip des années 60 qui reprend de célèbres clichés : la demeure paumée dans le désert et éloignée de toute forme de civilisation, la grange qui fait peur, l'atelier des poupées délaissé depuis des années, la chambre de la petite fille morte, le personnage caché et défiguré qui donne lieu à des fantasmes horrifiques, et puis la pesante présence des artefacts religieux - qui laisse présager une dominante "exorcisme", l'épouvantail, et puis évidemment la poupée bien creepy.
Parce que je suis gentil, je vais commencer par ce qui fonctionne : j'ai ressenti que ce film avait envie de faire des petits hommages éparses aux classiques de l'horreur, Les Autres (Alejandro Amenábar), Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper), l'Exorciste (William Friedkin), Rosemary's Baby (Polanski), Carrie (Brian De Palma)... Malheureusement, les bonnes intentions ne font pas les bons films.
La première partie du film - ce que j'appelle la mise en bouche, est franchement pas trop mal. Le rythme est lent, mais tant mieux : ça nous permet de nous immiscer de façon plutôt cousue. Et puis, un petit détail qui a son importance : le film tient à nous familiariser avec une grande majorité des orphelines, plutôt que de nous forcer à nous rapprocher d'un seul personnage en particulier. Je sais que ça a l'air nul comme détail mais, croyez-moi, quand on vous saoule avec un seul personnage stéréotypé au possible, ça frôle le ridicule et ça nous donne envie de baffer tous les autres.
Mais du coup, c'est quoi le problème?
Le rythme s'emballe de façon drastique, comme dans la majorité des films d'horreur récents : pas de répit, ça s'enchaîne gratuitement, c'est mal géré : tout est susceptible de vous faire sursauter tant le son est saturé, de la cuillère qui tape le dessus du gâteau à une porte qui se ferme, un poil de cul qui tombe sur une serviette de bain, bref, le son et la musique sont surexploitées pour en faire des caisses. Les personnages stéréotypés à crever n'ont pas de profondeur, même si j'ai personnellement plutôt apprécié la petite Lulu Wilson qui joue une gosse sacrément débrouillarde.
Et puis même ça, ça va pas ! Du haut de ses huit-neuf ans, la petite déplace un socle de puit sans problème, se hisse sans problème dans des trous et des machins : ok, on ne regarde pas un film d'horreur pour son réalisme, mais on ne fait pas des films d'horreur pour prendre des gens pour des cons non plus.
Le "trop c'est trop" connaît un point culminant à la fin du film. Le dénouement d'Annabelle 2 pue le déjà-vu, rien d'original, tout est prévu et calculé d'avance.
Plus d'une fois, le réalisateur touche à des cordes sensibles : on se dit franchement qu'il nous balance un peu tout et n'importe quoi pour nous faire sursauter et gêner et pourtant, ce film n'a RIEN de dérangeant. Tout est aseptisé et politiquement correct. Petit spoil pas piqué des hannetons :
Aucune enfant ne meurt tragiquement, seuls les parents connaissent un funeste de destin, bref.
La fin du film est tellement speed, on sent que les mecs ont tellement eu envie de boucler ça à l'arrache que tu ne comprends plus rien, surtout si tu ne te souviens que péniblement du premier opus qui, comme je l'ai dit en début de critique, est franchement oubliable. Dans cette deuxième partie, la poupée d'Annabelle passe aussi complètement à côté de la plaque, elle n'est qu'un élément du décor à peine utilisée.
PAR CONTRE, j'ai mis la note de 4 essentiellement parce que ce deuxième opus est meilleur que le premier, et ça, c'est super rare. Je ne vous le conseille pas, peut-être en streaming illégalement un soir de pleine lune pour faire passer le temps ou rigoler avec un pote mais je n'ai pas passé un super moment. Il y a des vrais films d'épouvante, bien meilleurs que celui-ci, au scénario imprévisible et franchement bien monté.