Il y a quelque chose d'attachant dans le "Conjuring Universe". On y entre pour se faire peur, certes, mais on en ressort surtout imprégné.e un peu plus de sa mythologie, de l'histoire contenue dans chaque objet maléfique et chaque personnage.
Plus que des long-métrages d'horreur, il s'agit de films d'ambiance et qui misent autant sur leurs personnages que sur leurs monstres, ainsi qu'à notre attachement à l'univers. En cela, la franchise se rapproche beaucoup du MCU, avec des films aussi à la qualité variable mais qu'on a tout de même envie de voir afin de prolonger notre présence dans ce monde.
La série se concentrant sur Annabelle, poupée maléfique présente dès les premiers instants de la série, s'est montré assez inégale. Le premier film était très mauvais, en grande partie à cause d'un réalisateur qui n'est pas fait pour cette responsabilité. Le deuxième remontait le niveau en rappelant à lui davantage de l'atmosphère de la série-mère tout en restant dans son propre monde.
"Annabelle comes home" présente la bonne idée d'un retour à la série "Conjuring", créant un lien bienvenu et "rassurant" à sa manière.
On connaît un peu la maison, la pièce aux objets hantés et inquiétants, ainsi que la fille Warren, Judy, interprétée par Mckenna Grace. Jeune actrice de 13 ans de grand talent à la filmographie impressionnante pour son âge, elle représente un point d'ancrage émotionnel important, marque distincte de la série.
En effet, le "Conjuring Universe" a toujours su s'entourer d'excellent.es actrices et acteurs, car dans une situation horrifique, il est important de ressentir de l'empathie pour les personnages face aux menaces qui les frappent de toutes parts.
C'est ce qui représente la force de ce troisième volet d'Annabelle. On sent l'affection entre Judy et Mary Ellen, sa babysitter. On sent la détresse de Judy face à sa différence et sa solitude. Si Daniela nous apparaît d'abord comme la peste typique qui crée des problèmes par son égoïsme et sa stupidité, elle révèle très vite bien plus de profondeur et une douleur profonde qui nous empêchent de la détester malgré les catastrophes qu'elle a déclenchées.
Les événements horrifiques ne constituent pas vraiment l'intérêt de cet épisode. On y découvre de nouvelles créatures (qui potentiellement pourraient revenir dans d'autres affaires anciennes ou flashbacks) et on ressent plus une satisfaction de voir l'univers s'étendre encore qu'une vraie peur. Il y a quelques moments de tensions, mais finalement très peu d'incertitudes, et le film se termine comme on aurait pu l'imaginer.
Non, l'horreur et la tension ne constitue pas l'intérêt de "Annabelle comes home". On y voit avant tout des jeunes femmes qui font face à elles-même et leurs propres peurs ou douleurs, qui cherchent à les surmonter, ensemble et séparément, et qui y parviennent à la fin, grandies par leur expérience, aussi traumatisante qu'elle ait été.
N'allez pas voir "Annabelle comes home" pour obtenir votre dose de terreur pure, car ce n'est pas le coeur du "Conjuring Universe", et ce depuis le début (malgré un premier film plein de tension et de moments traumatisants, mais qui posaient déjà les bases d'un univers concentré sur les personnages avant tout).
Allez voir ce troisième film pour en apprendre davantage sur l'univers, retrouver des personnages familiers, en apprendre plus sur leurs origines, et les regarder grandir et évoluer.
C'est là, pour moi, la vraie réussite de cet épisode de la franchise.
Et je retournerai voir les suivants avec le même plaisir.