"We love each other so much" Cette rengaine, répétée à de trop nombreuses reprises, semble symboliser tout ce qu'est Annette : un trop plein. Parce que le dernier Leos Carax est, comme son prédécesseur, un film obèse, poseur, déployant toutes ses idées sans penser à la cohérence globale. C'est trop long, trop chanté, trop dramatique, trop cinéma en fait ! Et pourtant, dire que le film n'est qu'une belle machine vide d'émotions serait mentir, le dernier tiers contient des morceaux de pure grâce, on pense à l'arrivée de Simon Helberg dans le récit ou aux chansons d'Annette, véritables moments de douceur brisés dans l'oeuf par un Adam Driver qui joue aussi vrai qu'il chante faux, faisant balancer mon cœur entre l'erreur de cast ou l'erreur de mise en scène. Ajouté à cela une Marion Cotillard qui ne joue pas parce que remplacée par une vraie cantatrice, et on se rend compte que le seul comédien capable n'est qu'un personnage fonction à peine développé en fin de récit. J'évoquerai finalement la poupée, parachevant l'aspect malaisant à mon envie pas forcément désiré, dans la mesure où elle porte les scènes les plus fortes du métrage. On sent que Carax se perd dans son propos, avec des brisages de 4e mur aussi nombreux qu'insupportables, comme son intro que beaucoup ont qualifié de "grand moment de cinéma" et que j'appellerai "plan séquence de petit malin en école de ciné sauf que t'as 60 ans frérot ressaisis toi". Annette est un échec à la hauteur de son ambition : énorme et vain.