Le choix du festival de Cannes pour son film d'ouverture après une année blanche est très particulier, une comédie musicale certes mais réalisé par celui qui nous a pondu l'étrangeté fascinante qu'est Holy Motors. Qu'en est-il ?
Avec ma note, vous vous doutez que je ne vais pas ici louez ses mérites à coups d'expression trop facilement utilisés tel les nombreux retours parlant de "claque" ou de "chef d'œuvre" (et c'est pas pour autant qu'il fait l'unanimité loin de là même) car ce n'est pas le cas. Expérience très frustrante car des qualités évidentes sont mises au service d'un film malade, qui en fait trop et tellement désorganisé que toute émotion, que toute réussite est trop rapidement mise à l'ombre des lacunes du métrage.
Après une intro extradiégétique efficace dont la présence ne m'a pas surpris, nous voilà dans ce Annette. Et v'là le spectacle de Henry McHenry, scène beaucoup trop longue servant à caractérisé le personnage ponctué de son lot de malaises (et c'est sensé être drôle, en témoigne les réactions des spectateurs du show de McHenry). Mais après quelques transitions fadasses, nous voilà à l'un des problèmes du film, les chansons. Une comédie musicale où les chansons sont aussi vides, ça me dérange fortement, c'est quand même le point n°1 du genre. La palme revient à la musique "We Love Each Other So Much" effroyable de cliché et d'inintérêt qui va pourtant servir de point clé dramatique plus d'1h après ça.
Mais ce qui m'a le plus gaver, ce sont les scènes servant quasiment à rien que l'on doit se farcir en intégralité, comme celles de l'accompagnateur de Ann, d'un mauvais goût rare malgré une réalisation qui montre que Leos Carax est très loin un mauvais bougre dans le domaine.
Scénaristiquement ça ne tiens pas la route, mais le pire reste à venir.
Un film ne marche pas quand tu es obligé d'attendre des événements clés pour capter que certains éléments présentés pendant des lustres sont utiles, et qu'une fois révélées c'est déjà trop tard car le spectateur s'en est fortement foutu. C'est le cas de l'accompagnateur de Ann et ce coup ridicule du "en fait c'est peut-être moi le père", absolument ignoble menant d'ailleurs à un des meurtres les plus ridicules que j'ai vu au cinéma. Mais c'est surtout le cas d'Annette, le plus grand raté du film.
Leos Carax utilise une fille en marionnette symbolisant le fait que les personnages voient Annette comme un accessoire de réussite, cependant jamais dans sa mise en scène le réalisateur arrive à nous le faire comprendre une seconde, à jouer avec et nous restons avec cette impression de choix arty chelou incompréhensible (sachant qu'en plus la marionnette n'est pas ce qu'il y a de plus beau et réaliste) et n'a que sa scène de fin pour expliciter l'idée mais encore une fois, c'est beaucoup trop tard.
Scène de fin, qui a beau être la meilleure scène du film, qui perd ainsi toute puissance émotionnel tant on est complètement sorti du métrage, de sa proposition depuis fort longtemps à ce stade et qu'on ne demande uniquement que cette chose arrive à son terme.
Et la bande annonce n'aide pas du tout, nous vendant un film radicalement différent de ce qu'il est réellement. La BA m'avait vendu une tornade, une folie, j'ai rien eu de cela. Cette idée est cristallisé par la scène de la tempête, représenté sur l'affiche du film, vendue donc comme puissante et marquante, alors qu'elle est totalement fade, oubliable et clairement à des km de ce qu'on nous as vendu malgré qu'elle soit le théâtre d'un des moments les plus importants du film.
C'est frustrant au possible, car le film ne manque pourtant pas d'idées, ne manque pas de tentatives de cinéma très loin de là. Mais le sentiment final reste que Leos Carax s'est retrouvé piégé dans son ambition d'éviter par tout les moyens toute proposition convenue (ou presque).
Et c'est tellement dommage.