Annette est une somptueuse déclaration d'amour d'un père à sa fille qui cache un autoportrait de l'artiste, film en abîme, qui perd pourtant de sa fougue, de son virtuose et de sa puissance visuelle en s'étirant à l'extrême et en répétant inutilement les boucles de ses chansons, qui touchent d'abord puis finissent par agacer, tant elles ne sont plus motivées par rien d'autre que la mise artificielle en chant de dialogues.
Néanmoins la mise en scène humaine, rythmée, éblouissante et la beauté que trouve Carax dans le grossier, l'étrangeté d'un conte finalement bien simple, et parfois même le grotesque de son humour enfantin ou grivois, emportent globalement le spectateur qui retiendra de grands moments de bravoure de ce qui est résolument le film le plus spectaculaire de son cinéaste, par son ambition artistique et son accumulation toute personnelle de ses angoisses et de celles notre époque.