Nicolas et Carla font leur cinéma

La scène d'ouverture d’un film est souvent révélatrice de l’ensemble de celui-ci. Woody annonce ici d’emblée la couleur en balançant deux blagounettes qui n’ont l’air de rien mais qui suivront toute la réflexion que développera le film. C’est fluide, drôle, poétique, réfléchi et intelligent. Tout le film le sera d’ailleurs. Mais surtout le personnage d’Alvy Singer est au centre. Il n’y a que lui. A chaque plan, la caméra le suit et l’intrigue tourne autour de lui.


En fait, Alvy c’est un peu un surhomme.


Alvy est hilarant. Chaque fois qu’il monte sur scène, le public entier applaudit. Il redonne le sourire à chaque conquête féminine. Déjà petit, le petit Alvy jouait les charmeurs embrassant sans peur et sans permission la plus belle fille de la classe.
Alvy est cultivé. Personne n’égale son intelligence. Personne ne trouve grâce à ses yeux, absolument personne, mise à part Annie Hall. Si Alvy était sur SensCritique, il n’aurait aucun éclaireur. Déjà petit, le petit Alvy autodidacte s’intéresse à l’expansion de l’univers. La mort est son obsession, sa mort à lui.
Alvy est célèbre. Les gens le reconnaisse dans la rue et veulent à tout prix son autographe. Alvy ne boit, ne fume pas, ne pleure jamais.
Alvy est omnipotent, omniscient, il peut s’adresser directement au spectateur pour démontrer que c’est lui qui a raison.


Avec tout ça, Alvy séduit directement la timide et maladroite mais néanmoins charmante et attendrissante Annie. Annie chante et Alvy l’encourage sur cette voie.


Mais il ne comprend pas ses désirs d’aller vivre à L.A., de rencontrer des nouvelles personnes, d’étendre ses horizons. Il voudrait qu’elle reste l’Annie telle qu’il l’a rencontré, craintive et dévouée. Il veut qu’elle soit sa Carla Bruni : douce, convenable et présentable mais restant dans son ombre à lui.


Cette critique peut donner l’impression que le film rend une vision misogyne, sans véritable rôle féminin fort. Mais il n’en est absolument rien et là est tout le talent de Woody Allen. Alors que le personnage d’Alvy stagne (aucun progrès en 15 ans chez son psy), celui d’Annie s’affirme tout du long. Elle lui reproche de ne pas la trouver assez intelligente et c’est le manque d’empathie d’Alvy qui sera fatal à leur relation.


Alvy n’est pas un surhomme et elle ne sera pas la Carla Bruni à son Nicolas Sarkozy.


Rare comédie romantique à capter et retranscrire parfaitement la nature des sentiments humains tels que l’ont fait plus tard The Eternal Sunhine of The Spotless Mind ainsi que (500) jours ensemble, Annie Hall est une véritable ode au cinéma, à la beauté, à la vie mais plus que tout, une ode à l’Amour.

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le 16 avr. 2015

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Peaky

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