Un trousseau de clés à moitié vide ?

Quelque chose qui en dira long sur ce film, pour une fois j'ai regardé 2 podcasts Youtube le déconstruisant pour m'en faire une opinion plus claire avant de le critiquer. Dire d'un film puzzle qu'il ne semble pas donner assez de clé pour le décrypter est révélateur.

Mettons de suite de côté l'ambiance, les actrices (et acteurs), la photographie, la réalisation, etc. Tous sont au poil, même si certains personnages manquent de réellement transformer l'essai, cela me semble plus être un propos de l'écriture que du jeu d'acteur à proprement parler.

(spoils à suivre)

En première lecture ce film m'a légèrement déçu sur la fin, ne laissant aucune ambiguïté sur le sort de Lena (Nathalie Portman). Pensant avoir compris de quoi il retournait je ne comprenais pas pourquoi on donnait une réponse évidente au spectateur plutôt que de le laisser supposer. Ainsi à l'opposition de Inception on se trouvait plus dans le genre La horde du contrevent avec un paragraphe, un plan de trop juste au final.

A y réfléchir peut-être était-ce finalement une façon de nous faire savoir que ce n'était pas là le propos, que ce n'était pas la solution du puzzle, juste une pièce de plus. Alors on se repasse la timeline, les évènements, on tente de reconstituer le tout dans des ordres différents... Mais voilà, ce qui manque à Annihilation c'est une puissance dans son contenu et sa forme pour qu'il soit fun de jouer avec les pièces de son puzzle. Ce pourquoi j'ai choisi la facilité de """décrypteurs""" sur le net pour comparer ou corroborer mes idées sur ce qu'il en était.

Je me suis posé les mêmes questions et suis tombé dans les mêmes impasses que Le Fossoyeur de Films même si quelque part j'ai l'impression que l'idée de la maison de Lena/Kane soit dans la chimère ne soit pas un duplicata du monde extérieur, mais plutôt que la véritable histoire de Lena/Kane se soit réellement passée dans la chimère. Mais je coince à faire fonctionner cette idée avec la perte de mémoire lors de leur entrée dans la zone...

En regardant Alt-Shift-X il se trouve que certaines des clés résideraient finalement dans l'adaptation évitée de quelques points, notamment l'hypnose de la psychologue pour expliquer la perte de mémoire.

Par ailleurs en mettant le tout bout à bout, on peut considérer l'impact extra-terrestre comme une tumeur maligne, se répandant sur Terre ; ou on peut considérer l'auto-destruction ancrée dans l'être humain comme la partie cancéreuse de l'humanité qui sera "guérie" par l'exposition de Lena à la chimère et sa sortie de la zone "guérie". Le champ lexical du film entier est basé sur la science et la médecine, le parallèle avec les techniques de ses dernières en est donc des plus aisé. Les membres de l'expédition sont-ils donc différentes mollécules testées pour combattre la cellule (Area X) et ses problèmes ADN (le phare, l'hélice du livre) ?
L'image est intéressante.

On pourrait digresser aussi un moment sur le dédoublement (symbole infini créé par un double oroboros singeant l'auto destruction) et le thème de l'annihilation (rencontre de deux éléments opposés se détruisant pour former de nouvelles particules).
Néanmoins il m'a fallu expliquer tout cela pour clore ma critique : il semble manquer des clés, des propositions pour conclure le film. Et si on réfléchissait trop loin finalement, que le propos était plus simple, alors c'est assez dommage de s'en sortir ainsi avec un tel matériau de base.

Je crois que ce que j'ai surtout apprécié tient tout simplement dans le fait qu'il fait partie des quelques films de SF sortant de l'ordinaire distribués ces derniers temps. Ce n'est peut-être pas une pépite mais il est clairement bienvenu au mileu des blockbusters et autres rom com' éculées.