J'ai rencontré une belle et sombre anonyme inconnue

Il n'y a aucune chose que je veux cacher.
C'est juste que je ne veux pas les montrer...

Qu'est-ce qu'il y a de plus frustrant qu'un mauvais film ? Un film qui avait un potentiel énorme mais qui s'avère oubliable ou mal fait (Salut Suicide Squad). Et qu'est-ce qu'il y a de plus frustrants qu'un mauvais réalisateur ? Un réalisateur capable de faire le meilleur et qui s'avère très décevant. Et là on va donc parler d'un film Netflix et je suis sûr que les 3/4 vont dire : oui, encore un film Netflix qui s'avérera aussi nul ou oubliable que les autres films Netflix. Seulement voilà, pour celui-ci, je voulais démontrer le contraire. Car on a à la réalisation Andrew Niccol. Oui Monsieur Bienvenue à Gattaca en personne. Seulement ces derniers temps, on dirait qu'il souffrait du syndrome Luc Besson. Ok je n'ai toujours pas vu Good Kill mais Time Out est une vraie purge indigne d'un mec qui a pondu juste avant Lord Of War (je ne parlerai pas des Âmes Vagabondes quand je pense avec quel brio Saorise Ronan n'a plus jamais touché à un film pour ado après ça. Oui, son film pour ado le plus récent est Lady Bird ndlr). Du coup Anon était presque pour moi le film de la dernière chance pour le réalisateur. Si le film est plutôt pas mal, il s'avère être une déception de plus.

De retour dans le terrain de la dystopie

Andrew Niccol est de retour dans ce qu'il apprécie, la science fiction dystopique (ou ici de la contre-utopie comme dirait le Capitaine du Nexus VI). En effet, comme dans Bienvenue à Gattaca et dans Time Out, on est dans une univers plutôt sombre où l'intimité a été abolie. Ainsi, la police a accès à tous les souvenirs de chaque individu. Je trouve qu'au niveau de l'univers et de la réalisation, le film est vraiment bien fait et permet de comprendre dès les premières minutes. Bref, on sent que le réalisateur arrive à donner vie à cette univers. Cela dit, Andrew Niccol a préféré prendre le point de vue que je trouve intéressant, à savoir, le point de vue des forces de l'ordre. Du coup, au lieu d'avoir un individu lambda au centre de l'intrigue (comme ses précédents films) on a un inspecteur de police, une personne qui en principe à le pouvoir d'entrée dans l'intimité de la population car sa fonction lui permet. Et dans une société où toutes formes d'intimité a été abolie et que chaque individu à un accès libre aux souvenirs d'une personne et donc à son identité cela donne leur facilite grandement les choses. D'ailleurs, je trouve que la représentation des souvenirs sous forme de fichiers informatiques est vraiment bien faite et on voit vraiment comment tout est immersif et pas vraiment dérangeant. Ce qui est un vrai problème si cela existe en vrai (salut Facebook, twitter et autre réseau social ou Forum). Bref, au niveau de la réalisation et de son univers, le film est génial. Le problème ? Bah c'est le reste qui ne suit pas.

Anon / Sal

Déjà le héro Sal Frieland (Clive Owen) est le héro policier typique. C'est inspecteur divorcé qui est marqué par un événement qui a eu lieu dans son passé. Je passerai sur le faite qu'il soit apathique car il y a une explication logique (on va y revenir). Il est un policier efficace qui est conscient que les "fichiers" qu'ils ont accès automatiquement peuvent être contrefais et possède plus ou moins une bonne maîtrise de ce que le gouvernement a imposé. Le seul problème est ...qu'en faite il n'apporte pas grand chose de neuf. Il est certes badass et après torturé par Anon (on va y revenir) mais...c'est tout. Il est au final un policier qui veut arrêter un tueur en série et se conforme dans la vie imposée et demeure à la fin le même personnage. Bref, n'espérer pas un revirement à la Tom Cruise dans Minority Report. Et c'est bien le problème; le film est un peu comme la série d'animation Psycho-Pass dans le délire, mais n'a l'air de ne garder que la surface !

Et la raison principale de ce problème, le personnage d'Anon (Amanda Seyfried ). Déjà, je me demandais si un jour j'allais voir un bon film avec l'actrice. Oui je n'ai malheureusement vu que des mauvais (bon je n'ai pas vu Mama Mia ! , mais vu sa réputation j'hésite. En plus, il y a un 2 qui arrive cette année). Je trouve que son personnage avait un énorme potentiel. Il s'agit d'une hackeuse qui a trouvé le moyen de rester anonyme. Personne n'a accès à son fichier qui permet de savoir qui elle est. Elle a le don de falsifier la réalité des personnes qu'elle rencontre, bref, elle est littéralement une "déesse" à leurs yeux. Elle dit elle même :"Je ne te montre que ce que je veux montrer". Même sa scène de nue qu'elle a montré, je pensais que c'était pour signifier qu'elle était une abstraction ou un fantasme que les policiers ne peuvent pas atteindre. Mais en faite gros spoilers elle ne fait ça ...pour pouvoir effacer les souvenirs très peu enviables avec des personnes peu recommandables de la haute et efface ses souvenirs d'eux.. Andrew ! Tu as un personnage qui à l'air d'être une demi-déesse dans ton propre univers et tu ne te contentes que de ça ? Parce que étant donné qu'au final, c'est une femme banale qui a détruit tout son passé et qui refuse de se dévoiler, ça amoindrie son importance et que ses actions dans le 3e acte est juste pour faire chier (elle aurait pu disparaître d'un coup). Ce qui m'amène à ma question, pourquoi Andrew Niccol ne l'a pas utilisée pour en faire le vilain principal, ou une anti-héroïne ? Au lieu de ça, il s'agit d'une suspecte qui au bout du 3e acte n'est pas du tout impressionnante et...qui n'a servi à rien dans l'arrestation du vrai coupable (on y vient aussi).

Les autres personnages sont très secondaires. On a l'équipier de Sal Charles Gattis (Colm Feore du film Volte/Face de John Woo), Kristen (Sonya Walger) l'ex femme de Sal, Cyrus Frear le spécialiste informatique (Mark O'Brien) etc etc. Et on a l'habituel caméo de Rachel Roberts la S1mone en début de film.

L'Anonymat n'est pas l'ennemi

Le film avait un potentiel énorme et malgré tout...je ne comprends toujours pas comment il a fait pour être aussi banal au final. Nous avons Sal qui est un inspecteur qui enquête sur le meurtre d'individus dont on a réussi à manipuler les fichiers mentaux pour qu'ils ne regardent qu'eux même avant de mourir (oui, puisque maintenant que l'intimité a été abolie, tout le monde connaît tout le monde d'un simple regard. Enfin, les forces de l'ordre en tout cas). La base est bonne surtout que les indices se portent sur une personne dont on ne connaît pas son identité et qui se passe pour Anon (ce qui veut dire Anonyme). La base de l'histoire est très bonne, les personnages sont bien traités et je trouve le faite que les individus soient apathiques ont du sens dans ce film. Ils sont littéralement des individus sans personnalités car en retirant leur intimité, ils ont accès à leur jardin secret et personne dans le film remet en cause. C'est exactement un futur effrayant mais qu'on peut constater quand on est dans un monde où les réseaux sociaux sont bien ancrés dans la vie. Jusqu'au 2e acte j'ai trouvé le film maîtrisé avec Sal qui tente de prendre au piège Anon (oui je vais l'appeler comme ça), et qu'évidemment, une seule erreur à fait que son stratagème se retourne contre lui et qu'elle finit par se venger. Là, je n'ai rien à dire...à part quelques petits défauts dans la première partie je n'ai rien à dire

Et puis après...je ne comprends pas...le film coule à pic

Cette fin est totalement décevante. Dans l'idée, je comprends tout à fait. En effet, Anon représente la part de la population qui ne veux pas entrer dans ce système assez dictatorial et veux avoir besoin d'intimité. Le problème est que dans le contexte, c'est un flic. Evidemment qu'il peut comprendre, mais sa fonction dans certains cas reste d'enquêter et donc d'entrer dans l'inimité. Si on présentait les inspecteurs comme des personnes qui abuseraient du pouvoir ok. Sauf que ce n'est limité qu'à une personne (je vous laisse deviner laquelle) et qu'au final, ils ne font que leur travail dans un monde à la limite de la dictature. Mais étant donné que tout est centré sur le commissariat et l'unité de Sal bah c'est amoindrie. Et l'erreur ultime : Le film n'a servi à rien pour les personnages. Ils ont arrêté le méchant mais Anon reste Anon et Sal reste Sal. Ils se quittent mais c'est tout. Le monde ne s'en trouve pas changer, leurs existences non plus (alors que l'anonymat est l'ennemi selon leur dire). Bref, rien du tout. Je veux dire, ce n'est pas comme Psycho-Pass ou le but est de trouver un super-vilain et voir les failles du système ou l'épisode 3 de la saison 1 de Black Mirror ou l'accès aux souvenirs a fini par détruire un couple. Le film n'a servi à rien. Ce n'est pas aussi mal écrit que Time Out, mais le film reste une vrai déception avec les 2/3 de bons et le 3e tiers vraiment faiblard avec un final anecdotique.

Black Mirror et Psycho-Pass en moins bien

Je crois toujours qu'Andrew Niccol est un scénariste et un réalisateur de talent. Mais je ne sais pas pourquoi depuis quelques temps, il accumule des films qui n'arrivent pas à être pertinents. Ce film est génial que pendant 2/3 avec une fin complètement ratée. C'est une vraie déception qui commence à me faire perdre confiance au réalisateur. Si vous voulez quelque chose d'approchant qui pose de vrais questions, regardez la série Psycho-Pass (en particulier la première saison. Je n'ai pas encore vue la seconde saison mais bon). Ou l'épisode de Black Mirror que j'ai cité. C'est dommage d'avoir un film qui restera ... Anon