A oui
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le 5 mai 2018
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"Il ne faut pas désespérer Billancourt", on le sait, mais un certain abattement nous saisit à chaque fois que l'on termine un nouveau "Netflix-Movie" : on a été attiré par le pitch, par les noms prestigieux au générique, par les budgets visiblement conséquents alloués à des projets ambitieux, et à chaque fois, ça se termine par une amère déception, comme si ce qui fait l'essence du Cinéma (majuscule, s'il-vous-plait !) échappait définitivement à la compréhension de la nouvelle firme monstrueuse de l'entertainment globalisé. Comme s'il y avait une - juste ? - malédiction qui réduisait toutes ses tentatives à de risibles objets de consommation, incapables du moindre impact. Que diable manque-t-il à ce cinéma, qui, respectant paradoxalement la vieille "politique" à la française, semble laisser à des "auteurs" - mineurs certes, mais des auteurs quand même - carte blanche pour réaliser leurs visions ?
Même si Clive Owen n'a plus depuis longtemps l'aura que lui a conféré son rôle inoubliable dans "Children of Men", même si la carrière d'Andrew Niccol a été une déception incontestable après des débuts tonitruants, l'alliance de ces deux noms dans un thriller futuriste conceptuel avait tout d'une promesse. Et, avec son faux air d'épisode à gros budget de "Black Mirror", la première partie de "Anon" intrigue et séduit : une esthétique rétro-futuriste à forte personnalité, une narration patiente et précise, une mise en scène soignée, la projection intelligente de questionnements contemporains sur l'intimité face à l'invasion de l'information permanente et sur notre perception d'une réalité de plus en plus "augmentée"... on embarque avec plaisir pour un bon trip de SF intelligente...
... Sauf que, peu à peu, une impression de vacuité phagocyte le film, vacuité qui n'est visiblement pas volontaire ! Le dépouillement que l'on trouvait élégant s'avère maniérisme, avant de devenir littéralement pénible. L'intrigue est des plus convenues, en forme de "whodunnit" (dixit le personnage joué, de manière très peu convaincue, par Owen) lourdingue, avec apparition finale capillotractée - et fort précipitée - d'un coupable improbable, alors que l'on a depuis longtemps sombré dans l'ennui. On s'irrite devant la grossièreté des changements de formats de l'image, conçus pour guider lourdement le téléspectateur distrait ou idiot entre la "vraie" réalité et la "fausse". On peste devant l'absence de tout vertige métaphysique un peu consistant que devrait créer cette indécision permanente par rapport à ce qu'on voit, à ce dont on se souvient : on n'est malheureusement pas chez Philip K. Dick, alors que le sujet se prêtait parfaitement à ce genre d'exploration hallucinée de nos doutes existentiels...
Les derniers mots prononcés par Amanda Seyfried - actrice incompétente du début à la fin du film - résonne alors comme un étrange aveu de programme inaccompli : "Je n'avais rien à cacher, je voulais seulement ne rien vous montrer". Ça aurait pu donner un film passionnant à l'heure de notre surexposition sur les réseaux sociaux, c'est seulement le triste constat que l'on fait devant ce nouvel échec d'Andrew Nicchol : "Anon" ne nous a rien montré de consistant et n'avait pourtant rien d'intéressant à cacher.
[Critique écrite en 2018]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine : https://www.benzinemag.net/2018/06/26/svod-andrew-niccol-decoit-avec-son-nouveau-film-anon/
Créée
le 20 juin 2018
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