Anon
5.5
Anon

Film DTV (direct-to-video) de Andrew Niccol (2018)

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Dans un monde où tout ce que l’on voit est numérisé et stocké en ligne, l’inspecteur Sal Frieland enquête sur d’étranges crimes. Le meurtrier arrive à pirater les implants oculaires de ses victimes de manière à ce que personne ne le voie. Lors de son enquête, le policier découvre le monde des hackers, ces mystérieux citoyens qui n’existent pas dans la base de données mondiale. Mais comment peut-il attraper quelqu’un que personne ne peut voir ?


Andrew Niccol est un poète engagé qui, au travers de la science-fiction, dénonce méthodiquement les travers de notre société comme dans Bienvenue à Gattacca, Lord of War ou Time out. Ici, il montre les failles d’un monde connecté à l’excès où un état littéralement omniscient conserve tout de même des limitations exploitables.


Le casting est un peu étrange. Non pas que les acteurs soient mauvais, au contraire, mais ils ont un côté vieillot plutôt anachronique dans cette œuvre censée être ultramoderne. Ainsi, Clive Owen ainsi que Colm Feore sortent tout droit d’un film noir, Amanda Seyfried ressemble beaucoup trop à une biche égarée et même Mark O’Brien a un style BCBG suranné. Ma foi, c’est un choix esthétique.


La photo suit cette décision artistique et montre un monde terne, grisâtre, saturé de mots, mais privé d’images (la réalité n’est augmentée que de textes). Les costumes, les véhicules et la décoration ressemblent aux années cinquante et renforcent ce côté vieillot.


Niveau scénario… Ben Andrew Niccol n’est pas un geek. L’histoire est une simple enquête policière avec l’infiltration d’un milieu criminel particulier sans grand intérêt. Le pamphlet contre l’hyperconnexion du monde est vaguement ânonné par une Amanda Seyfried peu convaincue, mais malheureusement pas étayé par des exemples d’abus ou d’erreurs. Et enfin, de très nombreux détails pèchent :

Dans un monde entièrement connecté, les systèmes de sécurité privés et publiques disposeraient obligatoirement de caméras coupées du réseau qui repéreraient alors rapidement les hackers. La police utiliserait un vrai jet setter comme appât plutôt qu’un flic parachuté dans un appart la veille. Et si un type savait que ce qu’il voyait était truqué, sortirait-il son flingue pour tirer sur des illusions et prendrait-il la voiture ? En outre, ces hallucinations ne semblent que visuelles. Du coup, un incendie silencieux laisserait plutôt perplexe, non ?

Il est donc difficile de rentrer dans cette histoire techniquement bancale, au style policé qui devient finalement ennuyeux et aux acteurs anachroniques. Le piratage de la vision tient plus de la magie que du bidouillage, alors qu’on nous soûle avec des proxys inutilement complexes.


Andrew Niccol s’est vautré sur ce film. L’idée de départ était intéressante, mais il n’est visiblement pas assez branché pour ajouter tous les détails nécessaires à une intrigue technologique. En outre, sa dénonciation sonne creux, à des années-lumière de la virulence d’un Lord of War ou d’un Time out. Est-ce le sujet qui ne l’inspirait finalement pas tant que ça ? La technologie est-elle trop indigeste pour ce poète ? Ma foi, ce grand Monsieur peut aussi faire des erreurs.

OeilDePatrick
4
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le 7 août 2024

Critique lue 8 fois

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