Je me suis surpris de ne pas aimer la dernière palme d'or de Cannes. La premières raison à ça est peut-être à voir du côté de la VF que j'ai vue. Si les comédiens de doublage sont loin d'être mauvais, j'ai trouvé que la synchronisation labiale n'était parfois pas bonne du tout.
Mais au delà de ça, Anora commence par une petite demi-heure plutôt glauque où s'enchaînent stripteases et parties de jambe en l'air. Je n'ai aucun doute sur le fait que cette ambiance glauque est voulue, et très réussie. Outre les lumières de boite de nuit ainsi que le montage qui fait passer Anora de clients en clients, ce côté malsain tiens aussi du décalage entre le jeu de Mikey Madison et celui de ses clients. Ils n'ont pas l'air de jouer dans le même film, et ça marche très bien.
Cette première partie continue avec Ivan, le fils d'oligarque russe, gamin immature et hyperactif de 21 ans, dans une ambiance un poil moins glauque puisqu'on quitte la boite de nuit, mais avec toujours les scènes de sexe qui s'enchaînent très vite. Trop vite. Ce ne sont même pas des "vraies" scènes de sexe d'ailleurs. Souvent c'est résumé en un plan ou deux. Situation -> ils baisent -> fini. Le réalisateur ne semble pas vouloir faire une vraie scène complète qui prendrait son temps. Ce n'est pas forcément un défaut, mais quitte à enchaîner les parties de jambe en l'air je trouve ça dommage.
Toute cette première partie pourrait être une réussite, le problème c'est qu'avec tout ce sexe on en oublie de présenter Anora. C'est une travailleuse du sexe plutôt modeste, elle veut gagner de l'argent, elle a des conflits avec sa colocataire... C'est tout. On ne sait pas qui elle est en dehors de son travail, on l'a juste vue plus ou moins nue pendant la moitié de ces trente premières minutes. Je n'ai aucune accroche émotionnelle pour elle. Les autres personnages sont plutôt mieux définit, mais pires : Ivan est insupportable, les autres sont des connards, il n'y a qu'Igor que j'ai commencé à apprécié au fur et à mesure du film. Ce n'est pas vraiment un défaut, mais ça rejoint ce que je reproche par exemple à la plupart des films de Scorsese : si les personnages sont des ordures, je n'arrive pas à m'attacher à eux et donc le film, fut-il un chef-d'œuvre, me laisse assez indifférent.
Une fois cela dit, le reste en découle assez naturellement. Il y a des gags qui fonctionnent plutôt bien, mais n'ayant pas réussit à entrer dans le film ils ne m'amusent pas autant qu'ils le pourraient. Le côté dramatique m'a laissé complétement de marbre. La photographie est plutôt jolie, mais pas de quoi me captiver pendant 2h 20.
Voilà donc une belle déception, d'autant plus que le film a l'air de beaucoup plaire.