Avant d’aller voir le film, j’avais entendu tout et son contraire, et étant fan du cinéma de Sean Baker depuis Tangerine, j’avais hâte de voir Anora. Mais j’étais tout de même méfiant, car la Palme d’or - comme souvent - dessert l’attente qu’on peut avoir pour un film.
Après une première partie redondante où, à part dans la mise en scène, je ne retrouvais pas vraiment Sean Baker, arrive la scène pivot qui lance vraiment le film, et où l’on retrouve le Sean Baker drôle, qui nous montre à quel point la réalité de certaines situations est ridicule et certaines personnes pathétiques. À partir de ce moment, Sean Baker déroule des scènes empruntées à la screwball comedy, mêlées à du thriller new-yorkais façon Safdie, tout en restant fidèle à son propos : nous sommes tous, de près ou de loin, les employés des milliardaires de ce monde, et le constat devient sidérant de vérité.
Comme d’habitude chez Sean Baker, les acteurs sont tous impeccables et incroyablement bien castés (très content de retrouver Yura Borisov de Compartiment n°6).
Ce n’est pas mon Sean Baker préféré, mais c’est sûrement le plus puissant au niveau de son message et de son jusqu’au-boutisme. Et comme pour ses autres films, il nous laisse un petit goût amer quand les lumières se rallument.