Ce nouveau chef-d'œuvre de Sean Baker mérite bien sa Palme d'Or. Il continue dans sa lignée du drame social à l’américaine. Anora vit dans une pauvreté brute, en contraste absolu avec le luxe effréné du fils d'un milliardaire russe. Ce contraste se traduit alors qu'elle rentre chez elle en métro au petit matin après son travail, pendant que lui dilapide l’argent sans mesure, allant jusqu’à se payer l’affection de celle-ci.
La première partie nous plonge dans l'excès et l’opulence de cette jeunesse bourgeoise. C’est une immersion avec une esthétique du cinéma des années 70. Elle donne un rythme effréné à cette vision d'un monde où tout peut se monnayer même Anora. Sean Baker ne juge pas son personnage. Au lieu de la stigmatiser pour son travail, il cherche à montrer la complexité de sa vie, et la nécessité de vendre son corps pour manger.
Le film prend ensuite un virage sombre et violent alors que ce monde doré s’effondre. Anora, refusant d'être une victime, se bat pour ne pas tout perdre. Ce combat pour sa survie en fait un personnage incroyablement fort. On est touché par cette femme pensant avoir une histoire à la Cendrillon mais son rang social ne lui donne pas ce droit. Mikey Madison brille dans ce rôle poignant.