Anora
7.2
Anora

Film de Sean Baker (2024)

Alors voilà une fois de plus un bel exemple de palme d’or ratée…

Parfois attribuée à un des films les plus mineurs de leur auteur (Dancer in the dark, Farrenheit 911, Daniel Blake, The tree of life…) pour cause de discorde dans le jury ou de consensus mou, on ne sait jamais vraiment (mais j’imagine pas Kore-Eda voter pour ce truc cette année par exemple !).

Voici donc un film à la fois tapageur, long et vide, dont toute la substance tient dans la bande annonce. Rien à espérer de plus en 2h20. Pas d’événement inattendu, pas de folle cavale des deux amoureux, pas de personnages secondaires haut en couleurs, pas d’humour. On imagine avec amertume ce qu’auraient pu faire les frères Coen d’un pitch pareil…

Mais alors me direz-vous, peut-être une critique sociale, une déconstruction des clichés, des personnages attachants, de l’émotion ? Rien de tout ça, bien au contraire.

Vulgarité, stupidité, avidité, servilité, en un mot des cons. Ah mais donc Sean Baker nous fait une farce noire et acide, prend le système à son propre jeu ?

Non plus désolé. Ce n’est pas qu’il n’aime pas ses personnages c’est qu’on dirait qu’il n’a pas la capacité de leur donner une quelconque épaisseur. Fuck, bitch et hurlements constituent l’essentiel des dialogues, les situations se répètent et s’enlisent à l’infini. Seul Igor apporte un petit quelque chose mais il reste 10mn de film…

On dit que le cinéma d’auteur donne une vision du monde, mais quelle est celle du réalisateur ici ? Le monde est cruel ? Les riches sont dégoûtants ? Wow ! On se croirait dans les pires moments du Loup de wall street, sans l’humour et la maestria de mise en scène de Scorcese. C’est d’ailleurs très pauvre côté réalisation aussi. Grand angle à gogo pour montrer l’écrasante richesse, c’est bête , c’est moche, c’est inconsistant, à l’image du propos.

On regrette aussi le rythme et la richesse des dialogues de Pulp Fiction auquel on peut penser dans cette histoire qui s’écrit à mesure. Palme d’or également mais il y a 30 ans exactement, une autre époque.

Ma note est radicale mais à la hauteur de la récompense obtenue, amplement imméritée. 2 étoiles car il y a quand même de bons comédiens qui font tout leur possible avec un scénario de merde.



Jyugh
2
Écrit par

Créée

le 7 nov. 2024

Critique lue 112 fois

5 j'aime

Jyugh

Écrit par

Critique lue 112 fois

5

D'autres avis sur Anora

Anora
canutins
4

la Reine des neiges et la citrouille

C'est l'histoire d'une fille qui rêve d'être Cendrillon. Qui aurait pu croire que les carrosses se transforment toujours en citrouilles bien avant minuit quand le prince charmant est un oligarque...

le 30 oct. 2024

103 j'aime

8

Anora
Plume231
7

Cendrillon et le rêve (russo-)américain !

Tout d'abord, à ma grande honte, c'est le premier film de Sean Baker que je vois, donc je ne ferai pas de comparaison avec ses autres œuvres, qui sont autant de futurs visionnages, pour creuser une...

le 31 oct. 2024

50 j'aime

Anora
garystu
6

Une Palme par défaut ?

Encore une fois après Red Rocket, je me pose la question du pdv de Sean Baker sur ce qu'il filme. J'ai l'impression qu'il n'interroge pas les fantasmes masculins qu'il met en image. A savoir ici, sa...

le 20 sept. 2024

34 j'aime

7