Une Palme d’Or qui fait débat, un film qui divise, alors autant dire que je souhaitais absolument me faire ma propre idée le concernant et je dois dire que j’ai été profondément touchée par ce destin, par ce récit, parfois farfelu, parfois pleins de désillusions, parfois très drôle ou même stressant, c’est un mélange des genres auquel tous ne vont pas adhérer, mais qui m’aura totalement conquise. C’est une Amérique aux deux visages que nous allons découvrir, celle des petites gens d’un côté, qui font leur possible pour gagner leur vie, avec des métiers pas toujours reluisants, ici, le milieu des streap-teaseuses et de l’autre, une part plus riche, qui ne sait plus quoi faire de son argent, dénigrant ces mêmes travailleurs, mais profitant de leurs charmes également, peut-être pour noyer les chagrins d’une vie pas forcément plus heureuse, parce que le bonheur ne vient pas toujours avec le salaire. Alors oui, c’est un milieu très sexué, qui ne va pas sans quelques scènes osées, parce que ça va inévitablement de paire, mais c’est une certaine réalité, c’est un métier assumé, même si pas toujours voulu, mais c’est également un cercle vicieux, une certaine facilité qui vous déconnecte peu à peu de vos envies réelles, qui devient un automatisme, pour obtenir ce que l’on veut, y compris l’amour, dont on ne sait plus vraiment s’il est vrai ou fait d’apparences. Alors, si on peut rire vraiment à de nombreux moments, on glisse peu à peu vers un fond plus dramatique, plus sérieux, plus tourné vers le thriller même, parce que l’on veut y croire, parce que ce conte de fées est celui dont nous rêvons tous, pouvoir sortir de ce milieu social parfois sordide, pouvoir enfin prétendre à mieux, mais le désillusion se fait plus grande encore, plus dévastatrice et quand la réalité nous rattrape, elle frappe fort. J’ai particulièrement aimé la réalisation de Sean Baker, il possède un regard incisif sur notre société, parfois sombre, mais plein d’espoir également, il sait exposer la vérité dans ce qu’elle a de plus crue, mais aussi de plus belle, parce que malgré tout, il y a du sublime dans tout ça. Visuellement, c’est finalement une photographie pétillante, pleine de lumière, de vivacité, de modernité, c’est un monde de paillettes, de fêtes, d’excès, le monde d’une jeunesse en perdition, qui veut profiter, qui veut sortir du carcan parental, mais qui fini par rentrer dans le droit chemin, sans assumer les conséquences de leurs actes. En ce qui concerne le scénario, bien que sans grande complexité, il sait pourtant se montrer surprenant, prenant des directions inattendues, presque dramatiques, après un début qui prend son temps pour exposer son cadre, ses déviances, mais ensuite, le rythme vient s’accélérer, nous plongeant dans une course contre la montre aussi rocambolesque, que parfois très sombre. Alors, c’est un récit bouleversant qui nous est partagé, une fable moderne, le conte de fées d’une jeune femme moderne qui fait tout pour se sortir de son quotidien, qui fini par y croire vraiment, dont le destin la rattrape cruellement, pourtant, derrière la désillusion, il y a l’espoir, parce que les vrais sentiments sont là, qu’ils vous attendent, mais il faut savoir les appréhender, aller au-delà de ses mécanismes, pour les accepter tels qu’ils sont. Quant au casting, c’est une pépite, avec une Mikey Madison qui tient quasiment le film sur sa performance extraordinaire, même si Mark Eydelshteyn n’est pas en reste et que j’ai été profondément touchée par le rôle de Yura Borisov.
En bref : Un film qui ne fera sûrement pas l’unanimité, trop explicite, trop clivant, il montre pourtant la réalité d’une société, une Amérique aux deux visages, confrontée à un quotidien où l’argent est toujours le nerf de la guerre, parce qu’il en faut, pour pouvoir s’en sortir, même si l’on se rend compte qu’il peut cacher bien des travers, des faux-semblants, des décisions qui conduisent à une profonde désillusion, mais qui participent pourtant à ouvrir les yeux, à lâcher prise et faire tomber des barrières qui vous ont permis de survivre dans ce milieu où tout n’est qu’apparences !
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