Je suis vraiment très mitigé sur ce film. Il m’a tour à tour ennuyé, scandalisé, re-ennuyé, puis enfin désabusé.
Les trente premières minutes d'exposition alternent entre scènes de sexe et démonstrations de richesse, dans la droite ligne des très mauvais "Cinquante nuances". À ce stade, je crois plutôt que le réalisateur avait la main dans le slip, tout en prétextant démontrer l’ingratitude et la déshumanisation du travail à la chaine dévolues aux classes laborieuses. Les petites formes nubiles et la bonne bouille de l’actrice principal aidant sûrement à faire passer la pilule.
D’autre part, le scénario est fortement é(ja)culé précoce : une travailleuse du sexe s’entiche du fils irresponsable d’un oligarque russe, comme si s’extirper de la fange nécessitait forcément un sugar daddy (ou plutôt un « sugar baby » dans le cas présent). Mais attention, la bonne morale des sachants faussement désillusionnés voudra toujours vous faire croire que c’est mal et vain de viser la lune, car même les hautes sphères sont polluées par des ordures. Qu’il vaut mieux privilégier les simples d’ambition et d’esprit quand bien même on n’a que mépris, tout comme Anora traite Igor tout au long des deux tiers restants avant de le baiser par dépit.
Niveau acting, c’est mitigé également. Les affidés sont aussi inutiles que ridicules, en dignes représentant d’un quelconque vaudeville avec option vomi dans l’habitacle. Dommage, j’aime pourtant bien la figure des loosers attachants, ce qu’ils ne sont absolument pas. Ils ne sont que les symptômes d’une société malade rodée aux transactions de façade. Le gamin débile joue mal, tout comme ses parents. Aucune crédibilité n’émane une seule seconde de toute cette floppée de personnages en carton-pâte. Seule Mikey Madison surnage et se débat (jeu de mot en prime) pour faire de ce film autre chose qu’un flop-flop sur ses fesses.
Il n’y a pas de bons dialogues, juste des banalités affligeantes. Les scènes sont incroyables dans les deux sens : aussi mindfuck que pas du tout crédibles. Seules sont maîtrisées la photographie et le découpage des scènes. Du reste c’est creux, simpliste, voyeuriste et je ne crois surtout pas que le message véhiculé soit le bon. Je trouve même que c’est une insulte au mouvement Metoo et à la jeunesse. Que ce film ait remporté la palme d’or à Cannes reste pour moi un mystère, alors que le jury était quand même présidé par Greta Gerwig. J’aimerais croire que j’ai mal compris ce film, mais il ne m’a en tout cas pas intéressé du tout et que son prix était totalement immérité. Le cinéma « d’auteur » de Sean Baker n’excuse pas tout et n’est absolument pas un gage automatique de qualité.