Conte de fée dans lequel une vaillante petite travailleuse du sexe découvre que le prince charmant dont elle s’est amourachée n’est en fait qu’un vilain crapaud, c’est-à-dire un fils à papa oligarque.
Le film, logiquement, est en deux parties : c’est d’abord une interminable et frénétique biture de luxe ; puis quand il s’agit de rattraper le prince en fuite, cela devient une comédie, émaillée de gags que ma gueule de bois provoquée par la première partie m’a fait trouver modérément inventifs.
Mikey Madison est prodigieuse, pas de doute. Mais la première partie est longue, répétitive, elle devient carrément exaspérante lorsque Anora est aux prises avec les trois bras cassés venus lui faire entendre raison : au secours ! Qu’est-ce qui se passe dans la tête du réalisateur : nous juge-t-il trop demeurés pour comprendre en quelques plans la situation ? ou pire, croit-il malin d’exaspérer le spectateur pour bien lui faire ressentir l’exaspération de son héroïne ? ou bien encore kiffe-t-il trop la virtuosité avec laquelle il règle cette espèce de ballet grotesque ? Mystère.
Quant à la morale de ce conte, je n’ai pas compris si elle est de gauche : « Prolétaires, ne vous faites pas d’illusion, on ne vous laissera pas vous extraire de votre classe » ; ou de droite : « Manants, soyez raisonnables, ne cherchez pas le bonheur en dehors de votre pré ».