On nous vend ce film comme étant la critique acide d'une Angleterre puritaine au travers du récit de Guy Bennett (Rupert Everett), un espion britannique passé à l'Est au moment de la guerre froide. Premier mensonge car l'opposition idéologique induite par cette "trahison" n'est présente qu'au travers du personnage interprété par Colin Firth, un fervent marxiste-léniniste, contre qui Bennett est politiquement en désaccord. C'est pourquoi au bout de 90 minutes on ne comprend pas la conversion de Bennett.
Le véritable problème de Bennett c'est qu'il est homosexuel dans un société qui y est très réfractaire. Si c'est là sa raison pour passer à l'Est on peut facilement retorquer que les soviétiques ne sont pas connus pour leur traitement de faveur envers les homosexuels.
Ce qui nous conduit au second mensonge. Je m'attendais, sans enthousiasme, à voir un film larmoyant sur la condition des homosexuels dans l'Angleterre de l'entre-deux guerre. Même de ce côté on est déçu. Le personnage de Bennett n'est pas tant à plaindre, ses camarades tolère plutôt bien ce qui est quand même présenté comme une "déviance". Dans un film comme celui-ci on peut s'attendre à des regards accusateurs, des moqueries de mauvais gout, signe d'une homophobie méprisante. On attend, et on attend encore, et finalement pas grand chose à l'horizon. Le scénario est plat et globalement on s'ennuie.
Alors que reste t-il de ce film? Un assez beau tableau sur le quotidien des pensionnaires d'un collège britannique. Et chose très intéressante on ne voit presque aucun professeur ou responsable de l'établissement pendant 90 minutes. Les élèves semblent vivre entre eux et s'autogérer, la "république des élèves" en quelque sorte. D'ailleurs le scenario tourne plus autour d'une intrigue politique que d'un malaise social causé par l'homosexualité des personnages.
Autre point positif ce film est très bien joué, que ce soit par le duo d'acteur principal Everett/Firth, encore jeune mais promis à un bel avenir, ou par les acteurs secondaires qui sont aussi très convaincant. Preuve qu'il n y a pas tout à jeter dans ce film et qu'il mérite la moyenne.