La scène introductive (celle qui va lancer le long flashback qui représente la totalité du film ou presque) donne un sens particulier à Another Country. L'éducation dans les années 30 dans un très sélect collège anglais a finalement abouti quelques années plus tard Guy Bennett (personnage s'inspirant du véritable Guy Burgess) à trahir son pays et à s'exiler en Union Soviétique (là où il raconte son histoire à une journaliste américaine au début du film). Un principe de cause à effet (auquel on peut ajouter l'influence d'un camarade de classe de sensibilité marxiste) qui pourrait rappeler intellectuellement le Ruban Blanc d'Haneke (un fait divers d'avant 14-18 sert d'explication à l'avènement du nazisme 20 ans plus tard), même s'il change pas l'essence du film, cette mise en perspective en constitue pourtant l'originalité. On avait déjà vu ça, homosexualité mise à part, dans IF. Soit décrire le fonctionnement ritualisé et normatif d'une institution d'exception (type Cambridge) où soumission à l'autorité et à la hiérarchie et respect des traditions sont les deux pierres angulaires de l'édifice ; une machine à broyer qui écrase la singularité de chacun et qui favorise l'égoïsme et la compétition (quitte à intriguer pour y arriver). Une société aussi bien éduquée qu'elle est violente qui réprime dans l'oeuf toute possibilité de scandale ; gare dès lors, si vous êtes marxiste, ou pire homosexuel. Restent le charme des interprètes (Rupert Everett et Colin Firth juvéniles), les dialogues incisifs et la mise en scène sobre mais élégante.