Sex Exposure
Symptomatique de la folie "Sono Sion" cet Antiporno figure indiscutablement parmi les grandes réussites formelles du réalisateur nippon. Déviant, cocasse et dérangeant le dernier Sono s'ouvre sur la...
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le 8 sept. 2016
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De 1971 à 2016, le grand studio japonais de la Nikkatsu va produire une centaine de films érotiques à petit budget : les « roman porno » (Roman pour romanesque). La Major, en grande difficulté économique à la fin des années 60, espérait ainsi se renflouer. Dans ce but, elle fera appel à des chefs opérateurs ayant fait leurs preuves en leur donnant carte blanche. Bientôt émergeront quelques grands noms du cinéma érotique nippon : Tatsumi Kushimaro, Noboru Tanaka ou encore Toshimaru Ikeda. Elephant films retrace avec les dix films de son coffret rétrospectif Roman porno : 1971-2016, une histoire érotique du Japon l’éventail particulièrement riche de ce qui va devenir au fil du temps un genre en soi.
Un genre jouissif mais ficelé et corseté
Le cahier des charges imposé par la Nikkatsu aux réalisateurs qui s’y collent tient en trois grands principes : le film doit être bref, 70 minutes tout au plus, raconter une histoire et comporter ni plus ni moins huit scènes érotiques. Sur cette base, les différents réalisateurs vont s’en donner à cœur joie déclinant toute la panoplie des fantasmes qu’on peut imaginer : l’amour dans différentes positions (sociales ou géométriques), l’amour à deux mais pourquoi pas à trois, l’amour phallique ou saphique, l’amour qui rend chèvre aussi bien que l’amour vache. Un genre est né, qui trouvera son public en salle, avec des vrais personnages, des vraies histoires et ses vraies stars.
Antiporno le bien nommé
En 2016, la Nikkatsu fête le 45 ème anniversaire du roman porno en produisant cinq films « à la manière de » : les reboots. Certains d'entre eux prennent le contre-pied des stéréotypes du porno "traditionnel". En effet, si l'on considère qu'un porno "classique" présente les caractéristiques suivantes : scénario sans surprise, hommes dominateurs, photographie négligée, absence de fond et fin sans intérêt (qui en voit la fin ?) on peut dire d'Antiporno qu'il porte bien son titre. Le film s'ouvre sur des personnages féminins horripilants embarqués dans une histoire vaguement BDSM à la mords-moi-le-noeud digne d'un vulgaire pinku. Largement de quoi entrainer chez le spectateur une désapprobation précoce s'il n'y avait un travail sur les décors flashy jaune fluo et rose bonbons qui interpelle quand même. Mais le film mérite qu'on persévère un peu. Car à la faveur d'un tête-à-queue scénaristique et d'un final esthétiquement splendide, le très inventif Sono Sion lève le voile sur sa véritable intention : mettre en évidence la subversion cinématographique. Le film s'avère finalement plus profond qu'il ne semblait et quoi qu'il en soit plus intéressant que bandant.
A découvrir.
7/10 ++
Présentation du coffret "roman porno" à retrouver sur le MagduCiné
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Duel de femmes, Expériences sensitives, Le cinéma dans le cinéma dans le cinéma...., Ces films très spéciaux... et "Les emmerdes ça vole toujours en escadrille" (spoiler)
Créée
le 30 janv. 2020
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9 commentaires
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