Beaucoup trop long, ampoulé par une dernière partie qui s’enlise dans sa volonté revendicatrice, Antiviral possède toutefois une forte personnalité qui le rend indéniablement intéressant. Marqué par un postulat de départ radical, propice à l’exploitation du corps jusqu’à saturation, le premier film de Brandon Cronenberg prouve que l’obsession pour la chair en souffrance est une histoire de famille.


Si le penchant dystopique un brin poussif de l’ensemble peut agacer, force est de constater qu’il y a une vraie force de proposition dans Antiviral. Graphique d’abord, que ce soit à travers ce blanc omniprésent qui se macule de pourpre au fur et à mesure que la maladie ronge l’écran ou lorsque le jeune cinéaste tente de donner un visage à cette dernière; thématique ensuite, avec l’abolition progressive de cette frontière ténue différenciant matière morte et vivante qu’il emprunte à son père avec plus ou moins de réussite.


Antiviral, c’est aussi la découverte d’un acteur prometteur, qui subit le sort de son personnage avec abnégation. Caleb Landry Jones se livre corps et âme à Brandon Cronenberg qui en fait une poupée de chiffon, malmenée d’un bout à l’autre de son film, commercial sans scrupule devenu malade sans liberté, il est l’image brute et malsaine d’un certain opportunisme social qui manque un peu de nuance. Le final maladroit confirme cet excès d’envie typique d’un premier film.


Handicapé par son absence de cadre, Antiviral fait toutefois l’effet d’une première réalisation marquante. Brandon Cronenberg entame son chemin de metteur en scène inspiré par l’univers de son père, espérons qu’il continuera à digérer ses influences pour en proposer sa propre variation, qu’il a initiée avec fougue dans ce premier film ni manqué, ni réussi.

oso
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le 19 avr. 2015

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