De retour dans son village natal au lendemain de la seconde guerre mondiale, et probablement après des années passées à la ville, Antonia s'installe dans la ferme familiale. Femme de caractère, elle vit avec sa fille sans père en marge de la petite société rurale hollandaise dont elle refuse le conformisme et, surtout, la prédominance masculine.
Le film de Marleen Gorris est une chronique féministe qui se décline sur tous les tons, tour à tour ironique tet joyeuse, amère et poétique. Les bonheurs et les drames de l'existence villageoise s'y succèdent sur plusieurs décennies et résonnent comme un hymne à la vie. Les générations -fille, petite et arrière petite fille d'Antonia- se chevauchent et marquent les transformations de la société et plus encore la vie qui s'écoule. Toutes semblent redevables à la liberté, à l'anticonformisme et à l'audace d'Antonia, dont la propriété, havre de paix et d'amour, fait office tout autant de refuge pour les femmes maltraitées par les hommes et par la vie que de laboratoire où elles s'émancipent.
La Femme ayant conquis sa liberté et sa dignité, peut vivre sa vie. C'est le sens essentiel, toujours subtilement argumenté, que porte le sujet touchant et sincère de Marleen Gorris.