Bon, je pense que Glauber Rocha et moi, ça fait deux décidément. Trois films et trois larges incompréhensions, trois visionnages douloureux qui ont avancé quelques dimensions intrigantes malheureusement très vite submergées par la radicalité de la mise en scène, résolument anti-conventionnelle et en opposition franche avec tout ce qu'on peut considérer comme relevant de la norme.
Malgré l'introduction marquée par sa volonté de contextualiser l'action dans l'histoire et le vocabulaire brésiliens, encore une fois, je me retrouve très vite complètement paumé dans la narration (sans doute à cause du montage très chaotique, entre autres). La direction d'acteur, volontairement étrange mais avant tout très bizarre de par sa maladresse, participe à l'hermétisme absolu du film. Tout juste ai-je accès à la dimension poétique de ce détournement du western spaghetti pour en faire une fable politique — les tenants précis m'échappent totalement au demeurant.
En résulte un visionnage peu agréable, souvent ennuyant, et frustrant au sens où il est difficile d'aller au-delà de simples pressentiments concernant la nature polémique et virulente de "Antonio das Mortes". Les influences se bousculent autour de cette évocation baroque d’un tueur de cangaceiros, dans un style très vivace qui aurait pu me convenir, dans d'autres circonstances. Grande parabole sur la corruption du Brésil qui s'illustre à mes yeux d'abord par son caractère déroutant (à commencer par le titre original, "Le dragon de la méchanceté contre le saint guerrier", du nom d'une légende de de saint Georges et le Dragon). Bizarre aussi de voir ressortir ce personnage déjà vu dans "Le Dieu noir et le Diable blond" en tant que protagoniste, et incarné par le même acteur.
Ce que j'ai peut-être le plus apprécié : l'importance accordée aux chants et aux danses dans le sertão.