Le genre d'anime franco japonais qui allie le savoir-faire des indépendants hexagonaux et la créativité burlesque de leurs collègues nippons. On pense à du Myazaki revisite par Satoshi Kon pour la patine irrévérencieuse, au style fluide et familial d'un Mamoru Osoda pour un public jeune et Sébastien Laudenbach pour l'odyssée intime d'une héroïne farouche et aventurière.
Ce ne sont la que que quelques influences plus ou moins tacites que le public pourra décerner selon sa connaissance cinephilique. Car cette adaptation d'un manga peu connu au Pays du Soleil Levant est surtout prétexte à des embardees ludiques qui préfèrent le mantra philosophico edoniste de Paul Lafargue à celui des prophètes ultra libéraux (Keynes pour n'en citer qu'un). Un gros matou paresseux qui choisit le confort d'un pacha, use d'un humour crasseux et fait preuve d'un caractère assez versatile doit s'accommoder d'une gamine peu commode pour accomplir une mission qui l'incommode bien plus qu'elle ne l'enthousiasme. Celle-ci, flanquée d'un voyou de père, semble également rétive à toute forme de contrainte normative. Un duo à l'encontre des traditionnels récits héroïques dont nous abreuvent Disney et compagnie depuis des temps immémoriaux. Ne serait-ce que pour ces bifurcations, il se démarque aisément de ses concurrents.
N'oublions pas de signaler un certain appétit pour un univers assez cru (en contradiction avec l'esprit graphique bonhomme de ses personnages ainsi que leur environnement), un leitmotiv récurent dans la grande tradition du cinéma horreur/fantastique japonais pour ses fantômes errant parmi les vivants, un esprit chevaleresque qui préfère la dignité des perdants et l'acceptation de la finitude plutôt que la frénésie consumériste et enfin une célébration de l'organique comme indispensable au bon fonctionnement du réseau humain. Tout ceci est peut-être un trop surchargé scénaristiquement, sans oublier quelques conventions usuelles de ci de la. Trop peu pour dénaturer l'originalité de cette nouvelle pépite animée.