Anzu, Chat-Fantôme est un film atypique qui déroutera sans doute quelques uns d'entre vous.
Par son graphisme hybride tout d'abord, qui allie la richesse de détails de ses décors campagnards, le procédé de la rotoscopie au trait épuré, comme dans Hana et Alice Mènent l'Enquête, et un aspect volontairement exagéré et cartoon typique des anime pour ses personnages secondaires issus du Japon du monde des esprits.
Par sa structure duale ensuite, qui arpente d'abord un monde réel rural d'aquarelles placides qui s'efforce de ne pas s'étonner de la présence de fantômes et d'esprits de la forêt, ancrant plus encore un quotidien de chaque instant en forme de vignette, dont la référence affirmée ira du côté de Isao Takahata et de Mes Voisins les Yamada.
Et peut être aussi, par instants, de Pompoko.
Pour ensuite verser dans dans une seconde partie des plus débridées une fois le miroir traversé, tombant de dans le fantastique pur et la mise en scène d'un monde parallèle en forme de purgatoire zinzin, orchestrant une folle course poursuite achevant d'abolir les frontières, comme l'animation imitera quant à elle les prises de vue réelles.
L'insolite s'anime, tandis que le duo composé de ce chat volontiers désinvolte et de cette gamine boudeuse que l'on n'a pas forcément envie d'aimer, illustre toute la philosophie du film. Si les thématiques du deuil et de l'abandon marquent le nécessaire passage à l'âge adulte, souvent douloureux, les facéties et autres touches d'humour seront souvent destinées à un jeune public qui risque d'être désarçonné par ce drôle de mélange et par le folklore lié aux onis convoqué.
Mais il reste toute la force d'évocation des souvenirs et de la nostalgie, qui colle étonnamment bien, dans ce Anzu, Chat-Fantôme, plongé dans cet entre deux monde où l'on essaie de tenir à distance le malheur et de se relever.
Behind_the_Mask, qui retombe sur ses pattes.