La tribu des Apaches sème la terreur en violentant, pillant, et même parfois en assassinant les plus riches. Pourtant, nous ne sommes pas dans les grandes plaines de l’Arizona ou du Nouveau-Mexique, loin s’en faut. Nous sommes à Paris en 1900 et les Apaches - le titre du film - sont les membres hétéroclites d’un gang mené par un certain Jésus (Niels Schneider). Celui-ci, qui n’a rien d’un saint, mène sa troupe à la manière d’un caïd de la pègre avec Ours (Artus), son lieutenant. Les litiges se règlent à la roulette russe dans des décors que n'auraient certainement pas reniés Gary Cooper ou encore John Wayne. Mais avant de parcourir les boulevards, les rues et les ruelles bouillonnantes et malfamées du Paris de l’exposition universelle en ce début du XXe siècle, Romain Quirot - dont c’est ici la deuxième réalisation après “Le Dernier Voyage”, nous présente une jeune voleuse (Chloé Peillex), dans un prologue digne d’“Oliver Twist” de Charles Dickens. Pour commettre ses petits larcins, la fillette se voit affublée d’un grand frère Ficelle et de Polly, un garçonnet abandonné. Le trio a comme seul refuge, l’église en ruine de Marius (Bruno Lochet), un vieux prêtre libidineux. Le vol n’est qu'un moyen de fuir, car ces orphelins ne rêvent que d’une chose : partir par-delà les océans et rejoindre l'Amérique, pour retrouver un hypothétique père chercheur d’or. Malheureusement, la rue appartient à Jésus… Quinze ans ont passé et la fillette aux grands yeux du prologue, est devenue Billie (Alice Isaaz), une jeune femme déterminée. Par cette excellente entrée en matière, qui fleure bon la satire sociale du XIXe siècle, Romain Quirot - en véritable amoureux du cinéma - nous propulse cette fois-ci dans un western urbain en plein Paname avec, en filigrane, une histoire de vengeance. Le cinéma français du moment qui se veut le messager d’une certaine bien pensance et d’une démago insupportable, a su s’enrichir avec Romain Quirot, d’un réalisateur qui n’est pas tombé (pour l’instant du moins), dans le formatage du politiquement correct, ! Dans une ambiance anachronique où les colts du Far West côtoient les chapeaux haut de forme et les Titis parisiens vendeurs de journaux ; dans un style musical hors du temps dans lequel “Le duo des fleurs” de l’Opéra Lakmé de Léo Delibes invite la grande Sarah Bernhardt (Rossy De Palma) à faire face au rock n’roll des années 50/60 (“Lollipop” des Chordettes, ou “Let’s Twist Again”de Chubby Checker), voici l’univers déjanté et ultra-référencé de Romain Quirot, un cinéaste à suivre !