Lamberto Bava symbolise à lui seul le cinéma de genre italien des années 80 qui, d'élégant et audacieux (comme son père,Mario), devient progressivement putassier et pantouflard - mais toujours charmeur. Apocalypse dans l'océan rouge peut être vu comme un instantané de l'état du bis transalpin en 1984, date de sa sortie.


Comme nombre de ses confrères à l'époque, L. Bava hérite ainsi d'un scénario qui repompe allègrement les succès du box-office de l'époque. Ce sont ici Les dents de la mer qui servent de moteur au film, avec une bestiole maritime agressive hantant les eaux locales sous le regard impuissant des autorités. Le déroulement est donc assez classique, et tire franchement à la ligne lors des quelques séquences où les héros tentent d'attirer le bestiau près de leur bateau. On assiste en effet à des scènes absurdes où l'on regarde des gens regarder un radar, alors que la bête, pas bête, fait mine de tomber dans le panneau avant de prendre la poudre d'escampette.


Tourné en Floride, le film exploite plutôt bien ses décors, notamment dans la scène finale, qui sera toutefois la seule à tenter d'esthétiser un film désespérément banal dans sa photographie et sa mise en scène. Les Everglades, la nuit, la brume, et la chasse aux monstres, aussi maladroit que le résultat puisse paraître, on sent enfin une volonté de faire du cinéma autre qu'alimentaire.


Si Apocalypse dans l'océan rouge suit la route toute tracée des films d'invasion animale aquatique, il s'en écarte parfois d'étrange manière. Ainsi, la présence d'un tueur, engagé pour faire taire les témoins des expérimentations génétiques ayant donné naissance au monstre, permet des scènes se rapprochant un peu du giallo (notamment la première scène de meurtre) - mais d'un giallo très cru, typique des années 80 et - tiens, tiens, de Lamberto Bava. La présence de Dardano Sacchetti (entre autres) au scénario n'est sans doute pas étrangère à cet aspect cynique et violent du film.


Parlons un peu du monstre. Évidemment (et sans doute : heureusement) on ne le voit jamais en entier, sauf peut-être au loin sous l'eau trouble. Bien sûr, les plans rapprochés sont grossiers et révèlent une mâchoire un peu raide. Toutefois le concept d'un hybride squale / pieuvre est intéressant, et aura au moins donné de superbes illustrations pour les affiches et jaquettes du film.


Quelques scènes gores sont à mettre au crédit du film, ainsi qu'un doublage français parfois hilarant. Mais le film se traînant tout de même pas mal, enchaînant les idées de scénario franchement navrantes, et souffrant de sa nature de copie paresseuse, je ne le conseillerais vraiment qu'aux amateurs de la patine particulière de ce type de cinéma, et aux amoureux de gueules récurrentes du bis, Gianni Garko, William Berger ou encore Dagmar Lassander traînant leurs carcasses plus ou moins motivées tout au long du film.


Fun facts : Max Pecas est crédité au générique du film, en tant que producteur, et on voit un des personnages jouer au jeu Jaws, comme quoi on peut plagier dans la bonne humeur.

Seet
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le 28 mars 2016

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