Les films de guerre ne m'attirent pas tellement, et à priori le désastre qu'a été le conflit vietnamien ne me touche pas énormément non plus : voilà pourquoi je n'ai toujours pas vu Full Metal Jacket, voilà pourquoi j'ai attendu si longtemps avant de voir Apocalypse Now.
Sur la jaquette du DVD du film, une citation du réalisateur ("Mon film n'est pas sur le Vietnam. Mon film, c'est le Vietnam") me laissait augurer du pire : vraiment, je n'aime pas les films prétentieux.

Plus de trois heures plus tard, une seule conclusion : ce film est grand, il est bien prétentieux par endroits mais, chose rare, Coppola a des raisons d'avoir la grosse tête. Commençons par les choses qui fâchent : Apocalypse Now met du temps a démarrer, et encore plus de temps à finir. L'assaut américain en hélicoptère avec la chevauchée des Walkyries en fond sonore est clairement over the top, son côté too much le rendant à la fois grandiose et exagéré. Et le long-métrage tombe dans un cliché débile du cinéma américain : bien que toute l'équipe (SPOILER) du protagoniste principal périsse en fin de compte, ce sont évidemment les afro-américains qui succombent en premier...

Une fois cela dit, on peut se concentrer sur le principal : le film dans sa globalité. Les acteurs sont tous excellents, l'ambiance absolument exceptionnelle, et la photographie tellement incroyable que j'ai passé la moitié du film à me dire "on ne saurait plus faire ça aujourd'hui". L'image est sale, sa moiteur a un côté authentique que l'on peine à retrouver dans des productions plus récentes et abreuvées d'effets numériques ; la mise en scène est d'une efficacité sans failles et sans gimmicks stupides, d'une fausse simplicité admirable qui fait qu'on ressent le besoin d'un second visionnage... sans être perdu (pas d'effet "David Lynch").
Une seule chose a vraiment vieilli : la bande son, hors pistes rock ("Satisfaction"...) intemporelles. Mais la puissance des images (ciel orange, ballet d'hélicoptères, explosions, plans de foule, bases militaires en déliquescence, passages nocturnes entre le rêve et le cauchemar, lumière parfaite partout, tout le temps, que ce soit dans les nombreuses scènes d'extérieur ou en intérieur - au début, et chez les français où l'on a l'impression d'avoir un tableau clair-obscur en mouvement sous les yeux) marque le spectateur au fer rouge. Ce n'est pas un film que l'on oublie facilement, non pas parce qu'il laisse un mauvais goût en bouche, mais parce qu'il laisse de splendides photographies mentales en tête.
Kalès
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le 17 mai 2011

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Kalès

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