J'aime l'odeur du napalm au petit matin.
"J'aime l'odeur du napalm au petit matin."
Apocalypse Now n'est pas un film, c'est un trip visuel d'une portée métaphysique. Le cheminement vers la folie absolue et le retour vers nos heures les plus obscures, l'aurore de l'humanité. L’œuvre maudite de Coppola, un déchirement pour l'homme. Mais c'est au prix de tentatives de suicides et de crises de nerfs répétés que ce kaléidoscope cinématographique a pu voir le jour.
Petites anecdotes que vous avez entendu de maintes bouches déjà. Pour moi Apocalypse Now ne peut être défini, ce n'est pas film de guerre bien que la guerre du Vietnam soit le contexte tissé en fond. Le capitaine Willard doit tuer un homme devenu fou et c'est à bord d'un bateau qu'il longe une rivière, menant à son sanctuaire, celui de Kurtz. Deux hommes qui au départ semblent s'opposer en tout mais qui au final se ressemblent en tout. Loin du cliché habituel bien contre mal où bien l'emporte forcément. Ici l'homme est dépeint comme un être violent, immoral et fondamentalement mauvais. Donc pas de propagande Américanisante à deux balles, on peut souffler de ce côté là. Non au contraire ce sont plutôt les tribus autochtones qui sont vantées, car comme le dit bien Kurtz elles s'aiment tant qu'elles sont capables de trancher de sang froid les petits bras des petits enfants que les Américains ont vacciné.
Histoire de s'attarder vite fait sur les persos on oublie difficilement le jeu tout en subtilités d'un Martin Sheen qui sombre peu à peu dans la folie mais malgré tout reste toujours très juste. D'un Marlon Brando obèse filmé dans une obscurité presque totale. L'aura mystique du bonhomme en est d'autant plus terrifiante que pour mieux faire passer à l'écran son surpoids tous les plans ou presque sont en contre plongée. Et puis de manière générale tous les acteurs sont bons, ils réussissent à rendre crédible le bidule si bien qu'on s'y attache.
Outre ces considérations l’esthétique du film fait toute sa force. Chaque plan a une photographie digne d'une carte postale. Bien que tourné dans les Philippines on se croirait réellement en plein Vietnam des années 60'. Et l'utilisation totalement abusive de fumigènes ou de brume nous perd dans les tréfonds du truc, on sent que quelque chose se passe, on pénètre dans une univers fait d'incertitudes, on cherche à comprendre, à refaire surface mais tout ce qu'on réussit c'est s'enfoncer davantage. Aussi la mise en scène faite de fondus et de superposition de plans ça encore rappelle l'aspect métaphysique qui suinte partout de la pellicule, tout se corrèle et se confond au fur et à mesure qu'on est happés dans le trip.
En fait Apocalypse Now est plus un constat, celui de nos croyances, de nos fondements, de nos conventions. Il les balaie et les écrase sans états d'âmes. Il nous dit de les oublier, de se livrer à soi, complétement et de se libérer de ce qu'on croit. La folie.
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