« Vous sentez cette odeur ? C’est le napalm fiston, il n’y a rien d’autre au monde qui ait cette odeur-là. J’adore respirer l’odeur du napalm le matin. Une fois, ils ont bombardé une colline pendant douze heures, et après je suis allé au résultat. On a pas retrouvé le moindre cadavre de Viet, rien, pas un seul. Seulement, cette odeur d’essence plein les narines sur toute la colline sentait comme l’odeur…de la victoire. »
Ce film aura tout connu et fait partie de la légende du cinéma. Tout d’abord, un tournage extrêmement difficile. Il devait se faire en 6 semaines mais aura finalement durer 16 mois, entre mars 1976 et aout 1977.
Attitude de Marlon Brando, crise cardiaque de Martin Sheen, Coppola devenu presque paranoïaque et au bord du suicide, problèmes de drogues de certains acteurs, ouragan, guerre civile sont au coeur de ce tournage assez incroyable faut le dire.
On retrouvera toutes ses informations dans un documentaire filmé par la femme de Coppola intitulé « Au coeur des ténèbres » (faisant référence au roman de Joseph Conrad). Je vous le conseille, il est vraiment très intéressant. On apprend également que Harvey Keitel a été viré par Coppola 2 semaines après le début du tournage et remplacé par Martin Sheen. Ce dernier s’est avéré être un très bon choix.
Le film arrive bel et bien à terme en 1979 (1 an après Voyage au bout de l’enfer), donnant au final un des plus grands films de guerre et du cinéma.
Coppola le dit lui-même : « Ce n’est pas un film sur le Vietnam, c’est le Vietnam ! »
D’ailleurs, il remporte la Palme d’Or au festival de Cannes, ainsi que deux Oscars, trois Golden Globes et un César. Tout cela est bien mérité.
En effet, avec Apocalypse Now, Coppola nous livre un film d’une qualité rare. Rien qu’avec l’intro sur The End des Doors, on sait que l’on a devant nous un grand film.
Les deux premières heures du film montrent le voyage de Willard avec ses confrères vers l’île de Kurtz.
Les scènes cultes s’enchaînent les unes après les autres (la réunion de l’annonce de la mission de Willard, le bombardement de la ville par la cavalerie aéroportée de Kilgore sur la Chevauchée des Walkyries de Wagner -une des meilleures scènes de toute l’histoire du cinéma pour moi-, les playmates, le pont de Do Lung, la colonie française, l’arrivée sur l’île, le monologue de Kurtz, le final).
Coppola fait preuve d’une maitrise implacable, dans la réalisation tout d’abord, avec des plans et des paysages magnifiques, ainsi dans le scénario très solide comme souvent avec lui. Il nous donne une image exceptionnelle de ce qu’était le chaos à l’époque du Vietnam.
Autrement, la musique est superbe (The Doors en tête), souvent flippante.
Mais je crois que le plus impressionnant, ceux sont les acteurs. Leur jeu est fabuleux.
A commencer par Martin Sheen qui délivre une prestation énorme. Son jeu est au-dessus de celui de Marlon Brando dans ce film. C’est l’acteur principal donc c’est normal vous me direz, sauf que quand j’entends parler d’Apocalypse Now, la première chose qui vient à l’esprit de pas mal de monde c’est le personnage du colonel Kurtz interprété par Brando. D’accord, sa prestation est impériale et son personnage, devenu un mythe du cinéma, mais Martin Sheen est juste remarquable et brillant.
Sinon que dire du reste du casting (Fishburne, Hopper, Forrest, Bottoms, Ford), si ce n’est qu’il est parfait. Mention spéciale à Robert Duvall également, qui est admirable dans le rôle du colonel Kilgore. Son temps à l’écran est très limité (20 minutes en version longue à peu près), mais nous aura offert quelques répliques cultes.
« Et si je dis qu’y a aucun danger à surfer sur cette plage capitaine, y a aucun danger à surfer sur cette plage… et puis merde j’vais en faire du surf moi ! J’vais en faire du surf sur cette plage de merde ! »
La dernière heure du film qui se passe sur l’ile est un grand délire (j’avoue avoir préféré légèrement les deux premières heures). L’arrivée de Willard sur l’ile est énorme. Pas un bruit se profile à l’horizon. On imagine l’horreur et la folie rien qu’en voyant l’endroit.
J’ai beaucoup apprécié ses moments de silence tout au long du film également (une oeuvre parfois contemplative). Cela a rajouté une dimension supplémentaire à cette fresque.
Pour finir, une deuxième version du film sort en 2001, 22 ans après la première projection. Elle est intitulé Apocalypse Now Redux. Coppola rajoute donc plusieurs scènes. Au final, le film est rallongé de 48 minutes, soit une durée de 3h08 au lieu de 2h20 (Sans les génériques).
Evidemment cette version longue comme on peut ainsi l’appeler fait débat à sa sortie et encore maintenant. En effet, certains lui reproche des longueurs inutiles qui cassent le rythme du film, notamment la scène de la « plantation française ». C’est vrai qu’elle est un peu longue mais assez nécessaire historiquement parlant. Les autres scènes ne sont pas de trop et trouvent aisément leur place dans le film.
Pour ma part, je trouve les deux versions superbes mais la version Redux fait durer le plaisir encore un peu plus et est donc définitivement celle que je préfère.
En conclusion, je dirais qu’Apocalypse Now est un film légendaire. Mon film de guerre préféré.
Un trip hallucinant et hypnotisant ! Un film qui vous reste longtemps en tête.
« L’horreur…l’horreur. »
Note générale : 9,5/10