Apocalypse Now n'est pas qu'un film sur la guerre, c'est aussi et surtout une expérience poétique dans laquelle le spectateur est complètement immergé, jusqu'à la fin. Tout cela au service de L'Horreur ,qui est quelque part magnifiée, transcendée, renforçant tout l'aspect délicieusement absurde de cette oeuvre. Absurde, est certainement le capitaine Willard, le protagoniste, dont la première scène ne laisse aucun doute sur son esprit torturé et déjà brisé.
Le capitaine Willard qui reçoit ainsi de ses supérieurs l'objectif de tuer le glorieux et très compétent colonel Kurtz. Celui-ci, devenu un rebelle et ayant la réputation de faire preuve d'une grande cruauté, s'est réfugié dans les tréfonds de la forêt cambodgienne avec ses compagnons d'armes. C'est ainsi que Willard se retrouve embarqué dans cette mission qu'il demandait tant. Remontant le fleuve avec ses coéquipers à la recherche de son désormais Némésis le colonel Kurtz, il va devoir assister, affronter voir épouser toute la folie de la Guerre qui est superbement mise en en scène par Coppola grâce notamment à cette ambiance très psychédélique, et une bande son inspirée . Tellement que l'on se croirait au sein d'un cauchemar éveillé dont le fleuve en serait le support. A ce titre, particulièrement réussi est ce cheminement des différents personnage à travers ce cours d'eau, parsemé d'âmes errantes et brisées eux aussi par l'Horreur. Toute cette traversée va permettre ainsi à toute l'équipe de Willard d'expérimenter toute l'absurdité de ce conflit et de sombrer, eux aussi, dans la Folie et dans la Peur. Willard qui va progressivement se façonner par rapport à sa cible et le comprendre, jusqu'à la rencontre magistrale entre les deux hommes.
Très psychologique, philosophique mais aussi spirituel, ce film ne ressemble à aucun autre dans sa manière d'aborder et de traiter la folie de l'homme. Coppola a en effet réussi à insuffler une véritable âme à son oeuvre et nous fait partager sa vision très sombre de l'humanité. Une humanité perdue dans les ténèbres, remontant le Styx, vers l'Hadès.