Fort du succès colossal outre-Atlantique de sa Passion du Christ, Mel Gibson se lance dans un récit mythologique d'Amérique du Sud. Il impose à nouveau la langue d'origine sous-titrée, et évidemment le film comprendra son lot de tortures et démembrements. On ne se refait pas...
Mais il n'y a pas lieu de se plaindre. Le film a du souffle, une lumière magnifique de Dean Semler, et James Horner n'a pas abusé de sa photocopieuse pour une fois...
De plus, Mel Gibson a l'intelligence de ne jamais chercher à raconter l'histoire avec un grand H, il suit le parcours unique de son brave chasseur (les seules exceptions étant les scènes avec sa femme et son fils dans un trou...) et ce dernier n'a qu'un accès limité au peuple Maya. Il passe près de la première moitié du film dans l'incompréhension la plus totale, et devient pour la deuxième une icône meurtrière, avec sa peau-de-jaguar en boue...
Ça peut être décevant pour qui voulait y voir une fresque historique précise et détaillée, mais les intentions de la mise-en-scène sont on ne peut plus claires, dès les premiers instants...
Le seul vrai bémol, c'est qu'à force d'appliquer des figures mythiques facile d'accès, Mel Gibson se retrouve à la tête d'un projet qui ressemble à cent autres. J'ai beaucoup pensé à Rapa Nui de Kevin Reynolds, mais aussi à Conan le Barbare et à Predator... Et, hélas, trois fois hélas, Apocalypto souffre de la comparaison.
Non qu'il soit fondamentalement raté ou indigent, ni même moralement répréhensible comme j'ai pu le lire ici et là... Mais simplement un cran en dessous. Et c'est toujours un pincement au cœur quand un film qu'on aimerait aimer ne se hisse pas au niveau des espérances.
Cela dit, il m'a aussi fait penser au 10,000 bc de Roland Emmerich... Et c'est tout de suite moins grave.