Après son terriblement controversé La Passion du Christ, Mel Gibson crée de nouveau la polémique, dans une très moindre mesure, avec Apocalypto. Témoin d'une vision totalement personnelle, pour ne pas dire détournée, de la culture Maya et son déclin, c'est d'abord un spectacle exotique et une aventure, comme en atteste sa première demie-heure se déroulant dans un esprit de cinéma des familles, ou la dernière heure consacrée à une poursuite dans la jungle.
Les libertés prises avec l'Histoire et les mœurs des Mayas ont été dénoncées d'une part par une foule d'historiens et de spécialistes, d'autre part en raison de leur racisme supposé et de la violence d'une telle interprétation. Il faut dire que Gibson transforme les Mayas en une ethnie sauvage, tribale dans la pire et la plus régressive et brutale acception du terme. Cependant la vocation de ces choix est symbolique ; il s'agit de signifier le déclin inéluctable des civilisations ; un déclin passant par le sang et la confusion.
Dans cette perspective, Apocalypto se voudrait un reflet de notre époque (l'auteur le revendique – cela fait partie de sa panoplie, de sa candeur virulente) : et alors il faut se demander, en quoi. En tout cas, le film étale une vision négative de l'homme, un pessimisme sans nuances, où on redécouvre notre espèce viciée et condamnée à la ruine. Pour l'homme, le meilleur, ce serait finalement de rester coupé des ivresses de la culture et des dérives de la civilisation, pour préserver sa pureté et sa simplicité auprès de la Nature et de son cocon, à cultiver l'amour et la famille – comme le fait Patte de Jaguar. Une ambition minimaliste, exotique et, les allergiques devront au moins lui accorder cela, courageuse.
https://zogarok.wordpress.com/2015/06/06/apocalypto/