Il y a différentes manières d'aborder un film comme Apocalypto, qui vont influencer directement notre ressenti en fin de séance. Certains y chercheront une vérité historique, d'autres saisiront au vol chaque plan métaphorique, et ils sont nombreux quand les restants se contenteront d'apprécier le film pour ce qu'il est, une aventure épique faite de plans naturalistes et de sang. Pour ma part, j'ai appréhendé Apocaplypto un pur produit du blockbuster hollywoodien à la sauce historique, et j'en ai eu pour mon argent. Et même si je peux comprendre les réserves de certaines personnes, qui tiquent sur cette baseline qui introduit le film, qui, associée à la traduction littérale du titre (Apocalypto -> révélation), peut être prise comme une promesse de coller à l'histoire, j'ai un peu de mal quand même à m'imaginer qu'on puisse réellement prendre un film de ce calibre comme un quelconque devoir de mémoire. Pour moi Apocalypto n'est ni plus, ni moins, qu'un sacré morceau de bravoure hollywoodien, aux personnages très manichéens, uniquement écrits pour dérouler le tapis rouge à une histoire sans baisse de rythme qui va fédérer un maximum de personnes. Et quand on prend Apocalypto sous cet angle, on embarque pour 2h épiques sans coup de mou, portées par une mise en scène ambitieuse, accouchant de séquences qui resteront dans les mémoires et rappellent les grandes références du genre; on pense en effet à Mann et son dernier des Mohicans, pour en citer une seule.
A ceux qui reprochent à Gibson d'abuser de violence comme seul moteur de son histoire, je serais tenté de leur dire qu'il n'avait pas spécialement intérêt à faire autrement. La violence est effectivement le déclencheur de la révolte, de cet instinct de survie, de veangeance, qui va propulser le film dans un survival haletant dans sa dernière partie. On pense d'ailleurs à ce moment là forcément au Prédator de Mc Tiernan et on se délecte de cet hommage vibrant. Tout dans Apocalypto tire sa puissance de la fresque épique un brin démago, mais c'est assumé dès le début par un Gibson qui ne semble pas spécialement vouloir dire autre chose. Des premières scènes légères où l'on se chambre à coup de vannes potaches, à la transmission de la sagesse par ce père parfait sacrifié sans état d'âme par l'adversité en présence, jamais Apocalypto ne cherche à duper son spectateur. Son héro est ce jeune Maya superbement habité par l'excellent Rudy Youngblood et son destin hors norme n'a d'autre que but que de nous maintenir sous tension jusqu'à un final tellement métaphorique qu'il ne laisse aucune place à l’ambiguïté.
Alors oui, on peut être agacé par ce côté très linéaire du script qui ne prend jamais le temps d'offrir une quelconque nuance dans ce propos manichéen qu'il déroule, mais le spectacle est tel qu'on peut aussi se laisser porter par l'ampleur que nous propose Gibson dans sa mise en scène. Et puis, pour ma part, j'ai trouvé assez couillu le côté purement survival que prend le film dans son dernier tiers que j'ai totalement oublié tout ce qui m'avait un peu fait tiquer depuis le début, comme cette tendance à l’auto-citation du réalisateur qui me gonfle par contre prodigieusement et certaines métaphores quand même un peu too much (l'accouchement en mode heavy rain, c'est chaud).
En bref, Apocalypto est un sacré morceau de cinoche qui confirme, ceux qui pensent l'inverse sont un peu de mauvaise foi, le savoir faire technique de Mel Gibson. Ce dernier nous propose à travers l'illustration sommaire de la vie Maya un film d'aventure très calibré mais pourvu d'un vrai souffle épique qui transporte, quiconque l'accepte, pendant 2h durant sans aucune baisse de régime. Évidemment, comme avec toute oeuvre de ce type, dès que l'on cherche une réalité historique dans ces images qui relèvent d'une fiction fantasmée, les choses se gâtent. Mais faut-il prendre Apocalypto pour un film d'aventure ou le juger pour sa volonté de reconstituer en partie la réalité d'une époque révolue ? La question est posée, ne trouvera jamais de réponse et continuera probablement longtemps de diviser ceux qui cherchent avant tout le frisson au cinéma et ceux qui espère y trouver la confirmation des connaissances qui sont déjà les leurs. Étant donné que je suis un ignare notoire, j'ai choisi mon camp sans trop de difficulté.