J'ai revu il y a peu ce western qui m'avait plu sans que je cherche à comprendre pourquoi. Il y a des soirs comme ca où on a plus envie de se laisser aller que de comprendre. Mais au 2e visionnage j'ai ete excessivement séduit par la finesse de l'écriture, du scénario mais surtout des personnages. Nous avons ainsi Virgil Cole (Ed Harris), homme honnête qui ne supporte pas de mentir, meme quand il s'agit de parler aux femmes, et qui du coup peut paraître un peu bas de plafond, et Hitch (Viggo Mortensen), son suiveur, un brin taiseux mais plus réaliste Assez rapidement on sent que Virgil a besoin de Hitch qui est plus rationnel sinon plus intelligent et que Hitch admire la pureté d'âme et la volonte de son comparse plus prolixe. Dès les premières scènes, on comprend qu'un duel s'instaurera entre le bien (nos héros) et le puissant et cultivé Randall Bragg (Jeremy Irons). En jeu une bourgade perdue au milieu de l'immensité désertique (la ville-titre) et la séduisante Allison French (Renée Zellweger). Une phrase anodine prononcée par un petit rôle nous pose le décor quand Cole tombe amoureux d'Allison: on lui dit que cette fois ce n'est ni une squaw ni une putain et ce second rôle de commenter " c'est à voir..." . Le film n'est pas misogyne mais situe bien le contexte. Allison French n'est pas une putain mais elle va s'offrir systématiquement au plus fort parce qu'elle a besoin de protection. Et les circonstances l'expliquent parfaitement. Pourtant Cole qui au fond est un cœur pur, pour ne pas dire un cœur d'enfant, à du mal à le voir. Au lieu de voir une femme il voit la sainte vierge. C'est Hitch, parce qu'il aime tant son ami qui va trouver la solution et éviter la catastrophe en risquant sa vie. Il n'y a quasiment pas de paroles entre eux à ce sujet, pourtant, assez vite on comprend le rôle que chacun endossera, malgré lui (le destin, c'est un peu le propre des westerns) Ce rapport entre les deux hommes, un brin homosexuel, est extrêmement touchant d'affection cachée et de dépassement de soi sur un fond de vérité. Ils se parlent peu mais se comprennent et se font confiance quoiqu'il arrive.
Sans tomber dans la caricature, le film campe un monde où il est difficile pour une femme même instruite, de survivre seule sans se compromettre, et où règne avant tout une violence sans nuances. Mais le personnage de Cole, malgré une certaine simplicité qui pourrait confiner à l'autisme, dégage une vraie grandeur. Pourtant la vraie palme revient à Mortensen, qui joue tout en sobriété un personnage généreux, désintéressé et surtout réaliste dans un monde d'illusions perdues. Le seul adulte, en somme. Et c'est lui qui l'emporte à la fin, changeant le destin bien que restant libre et solitaire. Il y a beaucoup de grandeur, de pudeur, de vérité dans ce western. Et il faut noter l'élégance du script qui ommence par nous parler de ce qui est prévisible pour conclure (dernière phrase) sur ce qui est imprévisible.