Apparitions par pierrick_D_

Joe,médecin hospitalier,a du mal à surmonter le décès accidentel d'Emily, son épouse enceinte,ce qui se comprend,d'autant qu'on n'a pas retrouvé le corps.Mais des signes se multiplient qui inclineraient à penser que la morte tente d'entrer en communication avec lui.Tom Shadyac,producteur et réalisateur de ce pénible pensum,a toujours été un mauvais,même si certains de ses films sont regardables grâce au génie comique de Jim Carrey.Privé de son acteur vedette,il est fort démuni,comme en atteste cette vilaine daube qui tient plus du mélo filandreux que du film fantastique.Sur fond d'image sombre et moche,d'effets spéciaux dignes des années 60 et de musique violoneuse,Shadyac laisse traîner en longueur un scénario anémique qui voit ce pauvre Joe errer au hasard de sa vie dévastée.Il est mis à pied par son hosto car il est complètement à l'ouest,il discute avec ses amis gaffeurs,sa voisine conseillère ou une bonne soeur naine avec qui il a une conversation pseudo philosophique à deux dollars aussi creuse qu'involontairement drôle.On s'interroge gravement sur la vie,la mort,le deuil,le surnaturel et la couleur des rideaux.De temps en temps,on essaie de réveiller le spectateur en lui fourguant un élément fantastique périmé depuis la naissance de Méliès.Des libellules apparaissent un peu partout,la maison du toubib est le théâtre de bruits bizarres et de déplacements d'objets,la défunte surgit brusquement derrière la fenêtre ou s'exprime d'une voix caverneuse à travers des petits cancéreux en voie de disparition.On s'attend presque à ce que l'un d'eux lui sorte "ta femme est une pute!".Dire que tout ceci est ridicule est un mot faible,c'est bien pire que ça.Bon,à force d'indices Joe finit par piger qu'il doit se rendre en Amérique du Sud,à l'endroit de l'accident fatal,tout simplement.Ce qui nous vaudra un final d'anthologie lors duquel le doc survivra à une immersion très prolongée,on ignorait qu'il était un apnéiste de haut niveau,et découvrira dans un village indien folklorique quelque chose qu'on voyait venir depuis longtemps,ce qui permettra de sauvegarder le happy-end obligatoire à Hollywood.Autre truc assez énervant,la présentation qui est faite du personnage d'Emily.C'est une sorte de sainte laïque que tout le monde adore.Médecin elle-même,elle est d'une dévotion sans limite,s'occupant des enfants cancéreux et des tribus reculées du Tiers-Monde.En plus,elle est végétarienne car elle ne veut pas qu'on tue les petits zanimaux.C'est la femme parfaite en somme.Mais,comme l'indique le titre d'un bouquin à succès,la femme parfaite est une connasse,et celle-ci en est une de gros calibre.Il s'agit d'une hystéro-humanitaire de choc qui n'hésite pas à abandonner son mari et à mettre en danger l'enfant qu'elle porte pour aller soigner les Jivaros au fond de la jungle.Ce genre de personnes,si dévouées,sont en réalité des égocentriques forcenées,et tellement désireuses de montrer à quel point elles font partie des "gens bien" qu'elles en négligent leurs proches.Il est plus valorisant pour ce genre de personnalités narcissiques de susciter l'admiration en effectuant des opérations spectaculaires que de rester simplement à s'occuper de leurs familles.Parce que les sauvages n'ont pas besoin d'Emily.Si elle ne va pas là-bas,un autre docteur la remplacera et c'est tout.La vérité,c'est que c'est elle qui a besoin d'eux pour montrer à la face du Monde qu'elle est quelqu'un de formidable,d'empathique,qui agit pour soulager les malheurs de la planète,ce qui la pousse à des actions beaucoup moins désintéressées qu'elle ne le pense et peut-être destinées à combattre la piètre estime qu'au fond elle aurait d'elle-même.Kevin Costner parait salement désemparé au milieu de ce désastre,tout comme les seconds couteaux qui l'accompagnent et parmi lesquels on reconnait Kathy Bates,la psychopathe de "Misery",ou la nabote Linda Hunt,vue dans "L'année de tous les dangers" ou la série "NCIS:Los Angeles".