Carlos est un directeur de banque peu scrupuleux qui néglige sa famille au profit de son travail.Un matin comme les autres,il prend sa voiture pour se rendre au boulot en emmenant ses deux enfants qu'il doit déposer à l'école.Mais en route,il reçoit un appel téléphonique d'un inconnu qui l'informe que le véhicule est piégé avec une bombe qu'il fera exploser si Carlos ne lui verse pas une somme considérable.Voilà notre banquier coincé au téléphone dans sa bagnole en multipliant les coups de fil afin de réunir l'argent de la rançon,en apprenant au passage qu'il est cocu.De prime abord,ce succédané espagnol de "Speed" couplé à "Phone game" ne semblait pas de nature à faire venir la bave aux lèvres tout en frétillant de la queue,et la surprise n'en est que meilleure.Première observation,le portable au volant ne doit pas être interdit en Espagne,ou alors on l'y tolère mieux qu'en France,car le personnage principal l'utilise en permanence.Deuxième observation,le progrès technique n'a pas que du bon,car sans le mobile ce chantage n'aurait pas été possible.Quand la technologie censée nous servir se retourne contre nous,finalement.Le réalisateur Dani de la Torre livre un travail inspiré et soigné.Le rythme ne faiblit pas et maintient tout du long une tension oppressante,les angles de prises de vues et les distances sont impeccablement étudiés,entre plans aériens magistraux et plans serrés confinés dans l'habitacle étroit de l'auto,tandis que les scènes d'action sont d'une remarquable fluidité.D'autre part,le scénario malin écrit par Alberto Marini s'ingénie à faire rebondir sans cesse l'histoire,ce qui n'était guère facile à partir de trois personnes bloquées dans une tire et d'une voix au téléphone.Le script parvient même à gommer en grande partie les invraisemblances inhérentes au genre en complexifiant les personnages et en les faisant évoluer dans un temps restreint.Ce qui introduit une réflexion pertinente sur les méfaits d'un capitalisme cynique totalement indifférent au facteur humain.Carlos est une victime,mais c'est aussi un bourreau,un banquier sans états d'âme et sans égard pour ses clients,qui fourgue en toute connaissance de cause des produits toxiques tant que ça peut lui rapporter.Certes,il n'est qu'un pion dans un système qui le dépasse de loin,mais il y participe avec enthousiasme.Son tourmenteur,à l'inverse,est un meurtrier psychopathe,mais c'est également une victime qui,qu'on les approuve ou pas,a ses raisons d'agir.Le face à face final entre les deux hommes,qui verra le banquier mesurant enfin,de manière concrète,la portée de ses actes et demandant pardon à son agresseur,est bouleversante,tout comme l'est la scène où Sara,la fille de Carlos,perçue jusqu'alors comme une petite conne arrogante et agressive,refusera obstinément de quitter la voiture,alors qu'elle en a la possibilité,afin de protéger ce père qu'elle avait l'air de détester.De l'amour à l'état pur.Evidemment,ça se finira bien,on s'y attendait,et les auteurs auraient pu nous épargner l'éternelle scène de la réanimation après noyade,au suspense éventé,mais ce thriller ibérique aura fait passer un sacré bon moment.Luis Tosar,à fond dans son rôle,porte le film magnifiquement,ce qui était compliqué car tout repose sur sa performance.Il traduit parfaitement la descente aux enfers d'un type qui voit tout s'écrouler autour de lui.La jeune Paula del Rio,qui incarne Sara,est une révélation et tous les seconds rôles sont excellents.La jolie Goya Toledo ressemble à Victoria Abril jeune.