Second volet des aventures de Virgil Tibbs, They call me Mister Tibbs ne joue pas dans le même registre et peut s'avérer décevant tant dans son intrigue policière que dans le thème de l'intégration si l'on s'attendait à un second brûlot contre le racisme ordinaire.
On sera déjà surpris de découvrir Tibbs à San Francisco, marié et père de famille intégré pleinement dans sa vie sociale, alors que trois années auparavant, il est célibataire, plutôt solitaire, et conscient du racisme ambiant qu'il subissait et de ses propres faiblesses.Tibbs ne subit ici aucune pression, il est à l'aise dans son travail, sa couleur ou sa personnalité n'étant pas remis en cause. Il est respecté. Toujours classieux et autoritaire et encore pugnace.
Sydney Poitier qui commence à être reconnu en tant qu'acteur noir suffisamment rare dans le milieu du cinéma pour le souligner, apparaît comme le faire-valoir d'une intégration qui était loin d'être évidente, pour un progressisme manipulateur, visant plutôt à rassurer sur la lutte anti-raciale. Peu de dénonciation donc et un contexte sociétal de l'époque inexistant.
Si ce n'est le personnage de Martin Landau, prédicateur, investi dans la cause des afro-américains. Mais ce détail tente de complexifier son personnage pour un semblant de suspense et ce n'est donc pas non plus le scénario qui brille par son originalité.
L'intrigue va dès le départ tourner en rond, poser les ingrédients du genre pour mettre en avant une police sérieuse et investie contre le crime. L'enquête quant à elle se résume à un croisement de personnages secondaires visant à pointer difficilement le trafic de drogues, la pauvreté, et la prostitution.
Si le film ne joue pas non plus dans le genre action, (la seule poursuite se révèle bien menée mais ne suffit pas à insuffler du dynamisme), elle n'opte pas non plus pour une étude psychologie des rapports et les dialogues ne possèdent pas la perspicacité attendue. Pourtant quelques bonnes idées émergent. L'interrogation de nos actions sur l'environnement et de nos responsabilités, les problèmes de communication du couple et les contraintes d'éducation d'un père face à un adolescent rebelle, se dotant d'une liberté de tons marquante par sa modernité, mais peu approfondie. Tibbs nous est rendu de fait, plus accessible, mais bien moins complexe.
Le scénario échoue encore par une ambiance loin d'être anxiogène et surtout sans enjeu et s'entâche d'une morale bien maladroite pour faire de notre policier intègre, le justicier d'une ville en danger.
Reste le charme des années 70 et la musique de Quincy jones qui apporte un peu de rythme.
Dommage car dans la foulée de Dans la chaleur de la nuit qui a été un des films antiraciste marquant de ces années, ce parti pris du divertissement amoindri et justement par cette suite, toute la réflexion engagée dans le premier opus, ne menant ni vraie réflexion ni intrigue passionnante et finissent de nous interroger sur l'intérêt de cette suite. Un troisième opus L'organisation terminera la trilogie qui finalement n'aura pas rencontré le succès attendu.