Paumé

Mais enfin, c'est quoi ce truc ? Cette épidémie d'amnésie qui frappe une Athènes vintage et intemporelle, à croire que Kaurismaki est allé passer ses vacances dans le Péloponnèse ? Et pourquoi est-ce que le spectateur - du moins celui que je fus - ressort de la séance avec des tas de questions ? Et rien d'autre que des questions : pas une once d'émotion, pas une pincée d'adrénaline...

On pourra reprocher à Apples, outre son côté totalement insensé, une certaine lenteur et une tendance parfois irritante à l'esthétisation, dans la façon de filmer comme dans le choix des décors. Pour le reste, force est de constater que le film conjugue maitrise technique et qu'il est diaboliquement intelligent. Parce qu'il entraine le spectateur dans une histoire sans queue ni tête tout en parvenant à maintenir son attention en abordant avec finesse bon nombre de thèmes qui sont finalement très universels : l'identité individuelle, l'amour, le sexe, la vie, la mort, la destinée, j'en passe et des meilleures.

Tout cela en conservant - c'est peu dire - sa part de mystère. Et pas question d'espérer un quelconque éclaircissement à la fin : ça s'arrête net. Le personnage principal (qui n'a pas de nom, comme tous les autres personnages du film, à l'exception d'un chien) était-il vraiment amnésique ou faisait-il semblant ? Allez savoir, les deux hypothèses se tiennent. S'il était vraiment amnésique, pourquoi ne semble-t-il pas vouloir retrouver la mémoire ? Par amour ? Peut-être.

Finalement, mieux vaut ne pas trop chercher à comprendre, ça tourne vite à la prise de tête. Il suffit de laisser porter par le film, ce qui paraitra sans doute difficile à certains en raison d'un rythme qui n'est pas vraiment trépidant. Sinon, on peut passer un moment agréable et méditer ensuite sur l'absurdité des choses de la vie. En se disant - avec une certaine satisfaction - qu'il reste des réalisateurs capables de sortir et de faire diffuser un film anti-commercial.