Ne jamais oublier
Il y a eu pas mal de films documentaires sur la Seconde Guerre Mondiale mais peu sur le juste après-guerre entre 1945 et 1949! On pense souvent à l'après-guerre comme la pèriode heureuse de la...
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le 11 mai 2017
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Autant la seconde guerre mondiale est évoquée dans d’innombrables films, livres et documentaires de qualités inégales, autant la période qui suit immédiatement est comme un point aveugle de l’histoire : je ne crois pas l’avoir jamais vu traitée autrement qu’en passant. Cet excellent documentaire d’Olivier Wieworka et David Korn-Brzoza vient donc combler un manque en décrivant l’Europe de mai 1945 au début des années 1950. Se reposant sur des images d’archives en couleurs (ou colorisées), il nous plonge dans cette Europe pulvérisée sillonnée par les armées occupantes et les réfugiés, où se croisent les colonnes de soldats de la Wehrmacht prisonniers et celles des détenus libérés, et ces villes en ruines que déblaient femmes et vieillards, dans lesquelles errent des dizaines de milliers orphelins.
Les images, le commentaire dit par Vincent Lindon illustrent la souffrance et la détresse de cette humanité hébétée par le cataclysme. Mais le documentaire traite aussi en profondeur des sujets bien dérangeants : la tentation de la vengeance contre les collaborateurs dans les pays occupés, et contre l’ensemble de la population allemande perçue comme co-responsable du nazisme. Les viols commis par l’armée rouge sont bien sûr évoqués, mais les autres armées occupant l’Allemagne haïe ne se sont pas montrées beaucoup plus indulgentes. Qu’on ait utilisé les prisonniers de guerre allemands comme travailleurs forcés, pour reconstruire ou déminer, on le comprend bien, mais la frontière qu’on voudrait bien nette entre bourreaux et victimes s’en trouve brouillée. Et surtout, on voit présenté le nettoyage ethnique qui a déplacé des millions de personnes en Europe centrale, une personne chassant l’autre. Et ces civils exécutés au bord de la route sont aussi allemands…
Puis vient la guerre froide et le grand jeu géostratégique Est/Ouest, avec la mise en place des « démocraties populaires » à l’Est, et le plan Marshall à l’Ouest. La lutte contre l’Ogre Staline valait bien le pardon et une réconciliation avec l’ancien adversaire.
Pour conclure, « Après Hitler » me paraît incontournable : le sujet peu traité jusqu’à là est essentiel dans l’histoire récente de l’Europe, les images sont bien choisies, le commentaire est pondéré, sans pathos ni prise de position partisane ; on note quand même un ton un tantinet anti-communiste, mais après tout, le petit père des peuples avait quand même la main un peu lourde…
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le 25 oct. 2020
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